Le château de Versailles a choisi Louis Benech associé à Jean-Michel Othoniel pour l’aménagement paysager du bosquet du théâtre d’eau dans les jardins du château de Versailles.

Suite à un concours international lancé auprès de créateurs de jardin pour la restauration du bosquet du Théâtre d’eau, le paysagiste Louis Benech et l’artiste Jean-Michel Othoniel ont été choisis pour leur projet de création contemporaine. Le chantier débutera dès 2013 et sera un nouvel hommage que rendra le château de Versailles à André Le Nôtre à l’occasion du 400e anniversaire de sa naissance.

Le bosquet du Théâtre d’eau, aujourd’hui bosquet du rond vert, se situe au centre de la frange Nord du jardin de Versailles entre le bosquet de l’Étoile et le bosquet des Trois Fontaines. Il a été créé, entre 1671 et 1674, par Le Nôtre, secondé des hydrauliciens Francine et Denis. Les fontaines sont l’œuvre de Le Brun. Conçu à l’origine comme un bosquet à découvrir, le Théâtre d’Eau s’offrait à voir progressivement et jouait sur le secret de la révélation graduelle. Modifié dès 1704, très détérioré par la suite, le Théâtre d’Eau fut détruit en 1775 pour faire place à un dessin d’allées et d’engazonnement, ce qui lui valut son nom de bosquet du Rond Vert.

De forme carrée comme la plupart des bosquets de Versailles, il comprend une partie centrale de 1,5 ha aujourd’hui vide et utilisée comme espace logistique. Or, depuis les tempêtes de 1990 et 1999, une stratégie de requalification du parc de Versailles a été mise en œuvre pour retrouver dans les bosquets une configuration Ancien Régime, à l’exception du Théâtre d’Eau qui verra une création contemporaine se déployer dans la salle centrale.

Louis Benech associé à Jean-Michel Othoniel aménageront la salle intérieure du Théâtre d’Eau formant un carré de 120 m de côté inscrit dans un autre carré de 180 m de côté.

Le projet prévoit dans l’esprit des jardins dessinés par Le Nôtre de tenir compte de l’écologie des lieux, des problématiques de développement durable, d’accessibilité, de coût d’entretien, de sécurité et d’usage impératif de l’eau.

Le projet de Louis Benech et Jean-Michel Othoniel
Il faut avoir entendu Louis Benech évoquer le rythme ternaire qui ponctuera la composition du Bosquet du Théâtre d’Eau et Jean-Michel Othoniel décrire les pas de la “belle danse” qui en inspireront les fontaines pour mesurer combien l’esprit du roi Louis XIV est omniprésent dans cette création contemporaine.

En effet, le parti pris de Louis Benech est de créer un bosquet accueillant, ouvert en permanence alors que les autres bosquets historiques plus fragiles sont souvent fermés, permettant au visiteur de goûter seul ou en famille à l’intimité de ces salons surprises voulus par le Roi, mais dans un usage d’aujourd’hui généreux, plus spontané et facile. Le visiteur s’engagera dans une promenade dansante ponctuée de haltes à l’ombre de chênes verts, avant d’atteindre une grande clairière de lumière et d’eau. Cette clairière reprend l’idée de la vocation originelle du bosquet de 1671 autour d’une nouvelle axialité. Elle sera partagée en une salle plus grande et une scène en sur-haut interprétée en deux bassins. Pour pouvoir raconter ce qui a été, sans la mythologie, ni mimétisme, ni détournements, il est néanmoins fait une série d’allusions au travail de Le Nôtre – troubles perspectifs, récurrences de rythmes – et le positionnement d’un jalonnage végétal donnera repères et dimensions de l’âme du bosquet disparu.

Louis Benech a choisi de s’associer avec l’artiste Jean-Michel Othoniel pour la réalisation des sculptures. C’est donc sur les miroirs d’eau du bosquet que Jean-Michel Othoniel pose à fleur d’eau quatre sculptures-fontaines dorées. Ces œuvres abstraites composées d’entrelacs et d’arabesques de verre évoquent le corps en mouvement, elles s’inspirent directement des ballets donnés par Louis XIV et de L’Art de décrire la danse de Raoul-Auger Feuillet de 1701. La grâce de leurs jets puissants donne vie à des menuets ou à des rigaudons semblables à des dentelles dans l’espace. Des calligraphies dynamiques qui rappellent les parterres en broderie présents à Versailles. Le jardin, le corps et la sculpture sont ainsi étroitement liés.

Le projet de Louis Benech affirme une véritable volonté de discrétion pour mieux s’intégrer dans ce site d’exception, complètement invisible depuis le Château et le parc. En effet, les arbres choisis ne dépasseront pas les 17 mètres voulus par Le Nôtre et seront en parfait accord avec les couronnes d’ifs du bosquet voisin des Bains d’Apollon, de même que les diagonales seront visuellement fermées à la manière des autres bosquets.

Le souci d’une absolue réversibilité a été également moteur dans le projet. Il était impératif de conserver les vestiges des ouvrages maçonnés et hydrauliques encore présents sur le site, c’est pourquoi les parcours des nouveaux réseaux en tiennent compte ainsi que le reste des ouvrages conçus intégralement en “sur-œuvre”. L’ensemble du bassin d’acier pourra être démonté et même recyclé, ses assises autoportées permettant d’exclure toute fondation.

Louis Benech
Louis Benech est venu au jardin par amour des plantes. Après des études de droit, il part travailler en Angleterre comme ouvrier horticole dans les célèbres pépinières Hillier. Passionné par ce qu’il y apprend, il rentre en France et devient jardinier dans une propriété privée de Normandie. En 1985, il entame sa carrière de paysagiste. Cinq ans plus tard, il est chargé, avec Pascal Cribier et François Roubaud, du réaménagement de la partie ancienne du jardin des Tuileries. Il est lancé.

Depuis, il a conçu et réalisé plus de 300 projets, publics et privés, de la Corée au Panama, au Canada, aux États-Unis, en Grèce ou au Maroc. Travaillant essentiellement pour des particuliers, il a également eu comme commanditaires de grandes entreprises institutionnelles telles qu’Axa, Hermès ou Suez. Il a aussi travaillé sur de nombreux jardins établis comme les jardins de l’Élysée, du Quai d’Orsay, le Palais d’Achilleion à Corfou ou le domaine du Château de Chaumont-sur-Loire. On lui a aussi récemment confié la promenade paysagère du quadrilatère des Archives Nationales à Paris.

Pour chacune de ses réalisations, Louis Benech s’attache à créer une véritable harmonie entre le projet paysager et l’environnement architectural ou naturel du site. Idéalement, il souhaiterait qu’on ne devine pas qu’il y est intervenu… Une intention particulière est portée sur la façon la plus économique de garantir la pérennité de ses jardins, l’entretien est au cœur de ses préoccupations.

Jean-Michel Othoniel
Privilégiant, par goût des métamorphoses, les matériaux aux propriétés réversibles, Jean-Michel Othoniel (né en 1964 à Saint-Étienne) se fait remarquer en 1992 à la Documenta de Cassel par ses sculptures en soufre. L’année suivante, il introduit le verre dans son travail, qui deviendra son matériau de prédilection. Sa création est multiple, composée d’œuvres épurées chargées de poésie et d’érotisme.

En 2000, l’artiste transforme la station de métro parisienne, Palais-Royal – Musée du Louvre en Kiosque des Noctambules.

À l’occasion de l’exposition “Crystal Palace” à la Fondation Cartier à Paris en 2003 et au MOCA de Miami, il fait réaliser de grandes sculptures en verre soufflé, destinées à réenchanter le monde. Othoniel, inventeur d’un univers de liberté ultime, a montré sa première rétrospective au Centre Pompidou, Paris en 2011. “My Way” voyagera jusqu’à fin 2012 : Plateau/Leeum Samsung Museum of Art à Séoul, Hara Museum of Contemporary Art à Tokyo, Macau Museum Art et au Brooklyn Museum à New York

Jean-Michel Othoniel est représenté par la Galerie Perrotin à Paris.