Paris est un livre d’images qu’il faut parfois chercher et découvrir dans les endroits les plus inattendus. En allant me balader le long du canal de l’Ourcq à côté de chez moi, je suis tombé sur ce graffiti en forme d’araignée géante. Âmes sensibles s’abstenir !
Et une mauvaise herbe acrobate, perchée au-dessus des eaux du canal…
Araignée du matin : chagrin
pensait un bébé coccinelle
Cherchant à libérer ses ailes
Araignée du midi : souci
grognait un rat dans son chagrin
De voir un chat près de sa belle
Araignée du soir : espoir
Disait au briquet l’étincelle
Mourant dans le vent du jardin.
Mais l’araignée dans sa nacelle
Prisonnière à vie de sa faim
Rêvait qu’elle était hirondelle.
(L’araignée du goûter, Pierre Béarn)
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;
Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;
Parce qu’elles sont prises dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux;
Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit…
Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !
Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,
Pour peu qu’on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
(J’aime l’araignée, Victor Hugo)
L’araignée à moustaches
n’est pas Napoléon III
qui s’ennuie quand il a froid.
L’araignée à moustaches
n’a pas de robe en satin
pour trottiner le matin.
L’araignée à moustaches
Ne se rasera jamais
Elle règne au mois de Mai
Mais
ah mais
mais oui
mais
L’araignée à moustaches
habite dans un château
son ami est un corbeau
Mais
L’araignée à moustaches
S’éclaire avec une étoile
Le soleil lui sert de poêle
Mais
L’araignée à moustaches
Porte de belles lunettes
Et joue de la clarinette
Du tambour de la trompette
Et chante d’une voix nette
Fait le jour maintes pirouettes
Toute la nuit fait la fête
Et charme les grosses bêtes
Ah mais !
(Destinée arbitraire, Robert Desnos)
Super tous ces poèmes d’araignées ! je l’ai vue aussi cette araignée dans le 5e,elle trottine, elle trottine..
Génial !!! je ne connaissais que le premier poème, les autres sont vraiment imagés et me font aimer les araignées, que d’ailleurs je ne hais pas. très belle description de cet insecte qui fait peur à beaucoup de personnes, parce qu’ils les connaissent mal !!!