Fondation Royaumont, Val d'Oise
La Fondation Royaumont célèbre en 2014 son cinquantenaire. Créée en 1964 par le couple de mécènes Henry et Isabel Goüin dans une ancienne abbaye cistercienne fondée par Saint-Louis en 1228, la Fondation Royaumont, depuis propriétaire des lieux, fut à l’origine du concept de Centre Culturel de Rencontres.

Commémorer le passé et tracer les voies de l’avenir : Royaumont souhaite profiter de ces célébrations pour rappeler les épisodes d’un riche parcours, et évoquer la préparation active des 50 prochaines années. Ce cinquantenaire sera aussi le moment de célébrer l’exceptionnel réseau de partenaires qui s’est progressivement constitué autour de son monument et de son projet : partenaires financiers, collectivités publiques, entreprises mécènes, philanthropes particuliers, partenaires culturels, lieux de diffusion et établissements d’enseignement supérieur, universités, réseaux professionnels. C’est en effet grâce à l’ensemble de ces partenaires que, dans la suite de l’engagement philanthropique de Henry et Isabel Goüin, Royaumont est devenu le premier Centre culturel de rencontre à l’échelle européenne.
La cinquantaine d’événements culturels produits pour 2014 est une invitation à un voyage dans le temps, témoignage d’une aventure et d’un dynamisme hors du commun, pour commémorer le passé et tracer les voies de l’avenir.

Potager-jardin, Fondation Royaumont, photo Yann Monel

Premier temps fort : l’ouverture du Potager-Jardin les 28 et 29 juin 2014
Cet ambitieux projet commandé aux paysagistes Astrid Verspieren et Philippe Simonnet devient le troisième jardin du parc de Royaumont de 6,5 hectares après le Jardin du cloître et le Jardin d’inspiration médiévale des Neuf Carrés. Ce potager contemporain qui s’étend sur une parcelle de 9.000 m2, auparavant inaccessible au public, est avant tout un jardin de détente et de rencontre. Il deviendra un lieu d’expérimentations végétales et d’expressions artistiques, d’ateliers pour les enfants, sans oublier la table et la gastronomie. Les deux journées d’inauguration des 28 et 29 juin seront le théâtre d’une programmation spécifique en musique, danse et poésie. (Entrée libre le samedi après midi et le dimanche toute la journée).

La création du potager-jardin
En 2009, la Fondation Royaumont lance une consultation pour la création d’un “Potager Contemporain Allégorique” d’environ un hectare sur la parcelle d’un ancien potager de l’abbaye. Les paysagistes Astrid Verspieren et Philippe Simonnet sont lauréats du concours.
Créer un potager à Royaumont, c’est renouer avec le passé d’une abbaye prestigieuse et ancrer un geste contemporain dans une tradition séculaire. Longtemps, les abbayes ont été à la fois conservatoire et champ d’expérience des méthodes et des savoirs. La vocation contemporaine de Royaumont ne rompt pas avec cette tradition. Le séjour des résidents, comme autrefois celui des moines, est soumis à un emploi du temps qui compte l’égrènement des heures et des activités qui les occupent. Ces temps définissent les conditions d’une sociabilité culturelle proche de celle qui animait autrefois l’abbaye.
Réalisé courant 2013, le projet des paysagistes Astrid Verspieren et Philippe Simonnet, lauréats du concours, concilie l’organisation formelle du potager traditionnel avec un mode de production original des végétaux comestibles. Aux côtés des classiques et emblématiques sillons du potager, les concepteurs mettent en contrepoint une organisation culturale libre et irrégulière en cellules potagères, inspirée des mixed-borders des jardins anglais. Largement expérimentale, proche de la permaculture, cette organisation “ensauvagée” s’appuie sur les capacités de régénération et de réensemencement naturel propre à chaque plante et sur le savoir-faire et le sens esthétique de la jardiniere-maraîchère, Justine Marin, gestionnaire sensible du site, placée au coeur de l’esprit du projet.
Le jardin est comme un tapis végétal déroulé sur le sol, sans rupture de niveau, respectueux du site classé dans lequel il s’inscrit. Son tracé évoque le jardin lapidaire constitué par les ruines de l’abbatiale cistercienne. La forme des carrés s’inspire de celles du potager classique, déjà présentes dans les jardins du cloître et des Neuf Carrés. Le Potager-Jardin est un lieu d’inspiration et d’expression pour les artistes, un espace intime voué au calme et à la détente du public, des résidents et des employés de la Fondation, un jardin de découverte pédagogique et de surprise.

Un dessin qui oscille entre la permanence et le mouvement
La composition fonctionne par contraste entre les haies qui structurent l’espace (ifs, buis, charmes, noisetiers…) et la sarabande végétale. Six carrés de 18m de côté, une palette et une prairie-verger, structurent la parcelle de 9000m2 qui accueille 160 variétés de légumes, 3000 plants et 60 fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers) taillés en forme quatre bras, cordon ou sur tige. Le dessin s’organise autour du carré central, dédié à l’espace technique du jardinier. Les cinq autres carrés offrent un cadre structurant de haies persistantes d’ifs et de buis de différentes hauteurs aux cellules irrégulières des mixed-borders où sont librement dirigées les cultures de végétaux comestibles. En opposition, une palette de référence permet, le long du mur de clôture, l’identification des plantes utilisées dans les carrés en les présentant en sillons, en référence au maraîchage traditionnel.

La cabane du jardinier
Au côtés des deux serres XXè qui ont été restaurées pour l’occasion, la “cabane du jardinier”, création architecturale contemporaine, devient le point de dialogue, et à la fois espace technique et d’ateliers, créant comme un jardin des origines qui serait aussi un lieu d’échange et où les hiérarchies entre visiteurs, résidents et jardiniers seraient abolies.
Appelée par les paysagistes Astrid Verspieren et Philippe Simonnet, l’Assaut Vert, association étudiante de l’ENSA-Versailles qui promeut une architecture respectueuse de la nature et de l’humain, a été chargée de dessiner, puis de construire l’espace technique du jardinier au centre du Potager-Jardin. Cette éco-construction en bois et pisé est constituée de la cabane à outils, la cabane du jardinier et d’un auvent central. Cette organisation permet de créer une porosité qui dévoile les espaces intérieurs et les habitudes du jardinier au visiteur.

Une gestion de bon sens écologique
Les végétaux utilisés dans les carrés, essentiellement composés de vivaces, de bisannuelles et d’annuelles (qui seront étiquetées), sont choisis pour être les plus proches des espèces botaniques dont sont issues les variétés horticoles. Le projet veut ainsi rendre hommage à la biodiversité qui garantit depuis les origines de l’humanité la masse nourricière de la planète. Le visiteur devient un nouveau “chasseur-cueilleur”. Le Potager-Jardin est un terrain d’innovations dans le domaine des cultures potagères, un laboratoire de la biodiversité. S’inscrivant dans les démarches innovantes des néo-jardiniers écologiques, le Potager-Jardin n’a théoriquement pas besoin d’arrosage. Celui-ci est réduit à ce que nécessite temporairement l’acclimatation des espèces introduites. Une gestion “Zero Phyto” est bien entendu appliquée sur l’ensemble du jardin.

Le jardin, les paysagistes et la jardinière
“Le jardin du XXIè siècle doit être un jardin du jouir et du produire, scène-spectacle du rapport nourricier homme/terre. “Jouir” et “produire” ne doivent cependant pas être compris selon les termes du contexte sociétal ambiant. Il ne s’agit pas d’ériger les valeurs factices et trompeuses du divertissement et de la productivité outrée en dogme créatif, mais au contraire de penser la création paysagère, toujours inscrite dans le cadre variable déterminé par le couple commande/site, comme une économie apte à satisfaire le besoin essentiel de sens (…) Astrid Verspieren et Philippe Simonnet

Astrid Verspieren, paysagiste
Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Architecture des Jardins (ESAJ) en 2000, puis d’un master d’urbanisme à l’Ecole d’Architecture de la Villette en 2002, Astrid Verspieren se perfectionne en 2007 à l’Ecole d’Architecture de Versailles avec un master “jardins historiques, patrimoine et paysage” où elle rencontre Philippe Simonnet. Elle s’est formée récemment aux techniques de la biologie des sols et de la permaculture. Elle a réalisé notamment le jardin-promenade, le Sous-bois, de la Foulerie au château de Courances (91), le jardin “L’île Perdu(e)” aux Hortillonnages d’Amiens, un jardin éphémère pour l’IRCAM à Paris. Elle est actuellement en résidence au Domaine Départemental de Chamarande pour le projet “La fabrique du Vivant” sur le concept de forêt-jardin et réalise avec Philippe Simonnet le plan guide de gestion du parc classé de 10ha de la Maison Nationale des Artistes à Nogent-sur-Marne (94).

Philippe Simonnet, paysagiste DPLG
Historien de l’art formé à Paris X-Nanterre, il a d’abord été libraire pendant six ans, notamment à la galerie Artcurial à Paris. Philippe Simonnet est diplômé en 2000 de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles (ENSP) puis crée en 2001 avec Yann Michel et Thomas Droz immédiatement l’agence Paule Green à Montreuil (93) où il intervient essentiellement sur l’espace public urbain. Il intègre en 2007 le master fondé par l’historienne Monique Mosser “jardins historiques, patrimoine et paysage” où il rencontre Astrid Verspieren. Depuis 2010 il enseigne à l’ESAJ en première année et encadre en quatrième année les étudiants diplômables.

Justine Marin, jardinière-maraîchère, chef jardinier de Royaumont
Cette jeune jardinière de 30 ans présente un parcours atypique : après avoir fait des études de design industriel, elle décide en 2010 de se diriger vers le contact de la terre. Formée en théorie et en pratique à la culture de légumes en agriculture biologique, dans le projet du potager-jardin, les deux facettes de son expérience expriment leur complémentarité.
“J’ai appris à travailler avec la nature plutôt que contre elle. C’est la manière de travailler que nous appliquerons au potager-jardin. Les légumes présentés “de la graine à la graine” vont permettre d’observer leur évolution naturelle tout en “sculptant” le dessin général des cellules potagères. L’objectif des concepteurs est de pratiquer “l’écologie de bon sens”. C’est ici qu’intervient ma sensibilisation de designer. Il faut savoir partir des contraintes que nous impose la nature (la météo, les besoins de chaque végétal, les insectes présents, la nature du sol, etc.) et être créatif pour atteindre nos objectifs, c’est à dire le bon développement des légumes cultivés tout en respectant l’environnement. Nous projetons d’appliquer cette notion à l’ensemble des jardins de l’Abbaye.”

Les jardins du parc de Royaumont
Le Parc
Le parc de Royaumont de 6,5 hectares résulte de transformations faites à des époques fort distinctes. Les cisterciens furent les premiers à modeler le paysage et les canaux qui parcourent le parc, témoignent de leur maîtrise en matière d’hydraulique et d’aménagement. Plus tard, d’autres canaux s’y ajoutèrent et certains furent transformés en miroir. Au XIXè siècle les religieuses qui occupèrent Royaumont créent des allées arborées et une petite grotte encore visible aujourd’hui.

Le Jardin du Cloître
La restauration du jardin se réfère au début du XXe siècle. Trait marquant de ce cloître, sa taille, et sa forme : de vastes dimensions, il est rectangulaire et non pas carré, ses galeries mesurant pour celles orientées est-ouest, 48,35 m, et 46,80 m pour les deux autres.
Cet espace clos se trouvait, jusqu’à fin 2009, dans un état de présentation très simplifié et hétérogène avec la disparition des grands ifs dont les silhouettes rythmaient antérieurement la périphérie du cloître. Dans l’architecture et le décor du cloître, les végétaux sont stylisés, simplifiés et suggèrent la maîtrise de la nature qui doit rester harmonieuse. La restauration du jardin se réfère au début du XXe siècle, lorsqu’ Achille Duchêne redessine le jardin du cloître dans un style librement inspiré des parterres à compartiments de la Renaissance. Cette restauration a achevé la campagne de travaux entreprise depuis 1996.

Le Jardin des Neuf Carrés
Créé en 2004 par Damée, Vallet & Associés Paysagistes (DVA), le jardin d’inspiration médiévale, dit Jardin des Neuf Carrés, évocation paysagère du monde médiéval, est conçu pour accueillir des expositions sur les plantes, leurs usages et les regards que l’on porte sur elles. Ce jardin explore à chaque nouvelle collection de plantes, un aspect du rapport complexe de l’homme avec la nature au Moyen Age comme à l’époque moderne. La structure du jardin en osier vivant tressé, enserrée entre le réfectoire et les cuisines des moines, est visible toute l’année et les plantes restent en place de façon naturelle tout au long de leur cycle. La première exposition conçue et organisée par DVA portait sur les plantes d’Hildegarde de Bingen, sainte et savante illustre du Moyen Age. 2007 proposait un voyage coloré dans le monde de la teinture végétale du Moyen Age à nos jours. En 2010, c’est le thème de la magie des plantes qui était à l’honneur au jardin. En 2013, une nouvelle collection sur les plantes comme “signes et emblèmes” était présentée amènant à découvrir comment la symbolique des plantes, toujours vivante aujourd’hui, s’est intégrée à notre culture.

La Fondation Yves Rocher – Institut de France accompagne depuis 10 ans la Fondation Royaumont. Par un mécénat financier et de compétences, grâce à son expertise botanique, la Fondation Yves Rocher – Institut de France est le partenaire principal du jardin des 9 carrés depuis sa création et a rendu possible la réalisation du Potager-jardin. I GDF SUEZ a permis la rénovation du jardin du cloître en 2010 et la création du nouveau Potager-jardin. Motralec a participé par un mécénat en nature à l’oeuvre permanente Geysir Ouest Lumière de Yann Toma.

Venir à Royaumont… À 30 km de Paris !
Fondation Royaumont, 95270 Asnières sur Oise
Contact pour les particuliers : 01 30 35 59 70. Pour les groupes tél et fax : 01 30 35 59 91.
www.royaumont.com

Visite de l’abbaye
Visite de l’abbaye 365 jours par an, de 10h à 18h (17h30 de novembre à février).
Visite toute la journée avec des panneaux explicatifs, (interruption de la billetterie de 12h45 à 13h45, du lundi au vendredi).
Visites guidées (sans supplément de prix) les samedis, dimanches et jours fériés. D’une durée de 3/4 d’heure à 1 heure, elles offrent un panorama complet de l’abbaye, tant du point de vue de son architecture et de son histoire que de la vie des moines.Tous les samedis à 14h30, 15h30, 16h30; les dimanches et jours fériés à 11h45, 14h30, 15h45 et 17h (sauf de novembre à février : 11h45, 14h30, 15h30, 16h30).

Tarifs
Entrée plein tarif : 6,50 euros.
Entrée tarif réduit : 5 euros • enfants (à partir de 7 ans) • étudiants de moins de 26 ans • chômeurs* • familles nombreuses.
Forfait famille : 20 euros (2 parents accompagnés de leurs enfants).
Entrée gratuite : • enfants de moins de 7 ans • amis de Royaumont • habitants d’Asnières sur Oise et de Viarmes.

Venir en train
Royaumont est à 5 km de la gare la plus proche, gare de Viarmes.
Prendre le train à Paris Gare du Nord Banlieue, direction Luzarches, arrêt gare de Viarmes. Navettes les week-ends en septembre et octobre, réservation obligatoire au 01 34 68 05 50.

Venir en voiture
À partir de Paris :
Au nord, porte de la Chapelle, direction Lille, A1 › sortie n°5 “Le Bourget”, D317-direction Senlis › direction Cergy-Pontoise, D104-Francilienne › direction Chantilly, D316 › abbaye de Royaumont.
À l’ouest, porte Maillot, direction Nanterre, A14 › direction Saint Denis, A86 › direction Cergy-Pontoise, A15 › direction Beauvais-Amiens, A115 › direction Roissy Charles de Gaulle, N184-N104-Francilienne › abbaye de Royaumont.
À partir de Roissy Charles-de-Gaulle › prendre la direction Cergy-Pontoise sur la Francilienne (D104) › direction de Chantilly › abbaye de Royaumont À partir de Cergy-Pontoise › prendre la Francilienne (N184 – direction de Chantilly sur l’autoroute A15) et sortir à la Croix verte › Viarmes > abbaye de Royaumont.
À partir de Beauvais-Amiens › prendre l’autoroute A16 › sortie L’Isle-Adam › Beaumont sur Oise > Viarmes > abbaye de Royaumont.