Quand j’ai aperçu ce bosquet d’arbres entièrement blancs dans le parc des Buttes-Chaumont alors que je les avais vu d’un beau pourpre quelques semaines et mois auparavant, j’ai d’abord cru à une méga attaque d’oïdium. Mais autant de blanc, c’est louche ! Après le sapin floqué, ce sont les prunus peinturlurés ? Non, c’est une installation artistique.
C’est une oeuvre d’art qui a été installée dans le parc des Buttes-Chaumont dans le cadre de la biennale de Belleville 2012 (jusqu’au 20 octobre 2012). Une création de l’artiste français Vincent Lamouroux, dénommée Air 23.
“Vouloir blanchir un bosquet de vénérables chênes ou feuillus du parc des Buttes-Chaumont a quelque chose d’irrespectueux pour les essences soigneusement protégées du grand espace vert de l’Est parisien. Irrespectueux ou doublement iconoclaste en cette époque où la couleur verte est devenue synonyme de respectabilité économique et de garantie de préservation d’une nature bien malmenée lorsque le blanchiment est à peu près l’exact symbole opposé, cumulant l’horreur économique et l’horreur écologique… Mais le propos de l’artiste n’est pas de faire une œuvre aussi directement polémique par ces allusions au greenwashing, il est — dans une intention purement esthétique — de vouloir s’en prendre à la couleur des arbres, ce qui après tout n’est pas une mince affaire puisqu’ici la question de l’échelle est loin d’être négligeable. Changer le vert pour le blanc, c’est un peu vouloir transformer le plomb en or, cette vieille lune des alchimistes, et contredire l’ordre naturel des choses, des saisons ; c’est aussi s’attaquer à un confort rétinien profondément inscrit dans notre système d’évaluation et de perception de l’espace environnant. Créée voici deux ans au Vent des Forêts, dans la Meuse, domaine forestier pour lequel elle était parfaitement taillée, cette œuvre, importée à Paris dans le contexte d’une zone arborée parfaitement domestiquée, prend une toute autre signification : elle vient dialoguer, à un siècle et demi de distance, avec l’art des jardins de l’ingénieur Alphand, créateur du parc, que l’on surnomma l’”ingénieur-artiste”.
Aussi nous ne dévoilerons pas sa véritable localisation, afin que vous la découvriez par hasard, au détour d’une allée du parc, constellation de collines et de petites facéties architecturales pensées dans le but de dérouter le promeneur et de le faire voyager dans un décor purement artificiel, où même, paraît-il, il fut question de construire les premières montagnes russes : le projet de Vincent Lamouroux peut aussi s’envisager comme le juste prolongement de cette architecture romantique conçue en pleine époque haussmannienne dans le but d’enchanter le quotidien des Parisiens et de les plonger dans une sorte de songe éveillé…”
Patrice Joly
Ce n’est pas de la peinture, mais de la chaux éteinte.
Peindre les arbres en blanc …. ce n’est pas très original ! La nature fait la même chose quand il neige, et c’est tout aussi joli….. à chaque saison son charme, et l’automne est une des plus belle.
arretons de les appeller “artistes” svp …….
C’est original, et en cette saison, ça ne perturbera pas trop l’arbre. Un artiste écologique…
je voulais voir ça! j’avais lu ça en commentaire d’un de tes articles!
J’ai vu et je ne suis pas fan du tout !! Ils ont des idées étranges les artistes des fois.
Merci pour l’article….
Je retrouve dans mes archives un recto verso sur l’histoire des buttes-chaumont. Si ça peut vous être utile, envoyez-moi un mail via mon blog référencé dans la colonne de gauche de ce blog.
Sinon, il y a la bibliothèque de la SNHF 84 Rue de Grenelle (7ème)
Justement, je n’arrive pas à trouver l’histoire détaillée de la conception du parc des Buttes Chaumont. J’avais vu une émission sur le sujet à la télé, il y a quelques années et j’avais beaucoup appris, moi qui habite à côté ! Je ne doûtais pas de trouver facilement cet historique. Pas du tout ! Si quelqu’un a une piste…
Merci inspecteur Delavie ! Me voici rassuré.
Je relis en ce moment l’introduction à la méthode de Léonard de Vinci ( Valéry): “la plupart des gens y voient par l’intellect plutôt que par les yeux”. Il pourrait ajouter aujourd’hui : “la plupart des artistes”. Rendons à l’urinoir de Duchamp sa fonction naturelle. Ca soulagera notre vessie.
ce qui est “bien”, c’est qu’on peut baptiser “oeuvre d’art” à peu près tout et n’importe quoi, surtout quand on s’avise d’installer ça dans la nature, sans se demander d’ailleurs si les passants n’aimeraient tout autant pas avoir la nature toute seule dans sa splendeur qui se suffit bien …..
Votre surprise doit valoir la mienne quand j’ai vu en fin d’hiver des tulipes déjà fleuries dans le village. Je me disais qu’elles étaient bougrement en avance mais en m’approchant j’ai pu voir que c’était des fausses …Un pied de nez à cet hiver qui n’en finissait pas.