Plus du tiers des papillons de jour d’Île-de-France menacé ou disparu

Plus du tiers des papillons de jour d’Île-de-France menacé ou disparu

Liste rouge régionale des Rhopalocères et Zygènes d’Île-de-France, NatureparifPour la première fois, la démarche d’élaboration d’une Liste rouge régionale des espèces menacées a été appliquée aux papillons de jours d’Île-de-France, selon les critères définis par l’UICN. Cet état des lieux révèle une situation alarmante : sur les 135 espèces présentes sur la région, 51 (37 %) sont actuellement menacées ou disparues, soit plus d’une espèce sur trois  !

Cette Liste rouge régionale, réalisée à partir de la méthodologie officielle de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), dresse un état des lieux des menaces pesant sur les Rhopalocères et les Zygènes d’Île-de-France et constitue une nouvelle référence standardisée reconnue internationalement.

Piloté par l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et Natureparif, l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, en partenariat avec l’Association des Lépidoptéristes de France (ALF), ce travail s’inscrit dans le programme de l’Observatoire francilien des insectes et vient compléter la liste d’indicateurs de référence permettant d’apprécier l’état de santé de la biodiversité francilienne. En effet, les études portant sur les papillons de jour ayant révélé leur forte sensibilité à la qualité des milieux ouverts, ils sont devenus un indicateur incontournable pour suivre l’évolution de ces espaces.

Ainsi, sur les 135 espèces qui peuplent ou peuplaient l’Île-de-France, 18 ont déjà disparues (13%), 33 sont menacées (24%) et 10 sont quasi menacées (8 %). Ces chiffres alarmants témoignent avant tout de la disparition des habitats de prédilection des papillons (pelouses, prairies, landes), au profit d’une artificialisation du territoire par l’intensification agricole et la densification urbaine. Par ailleurs, dans un paysage de plus en plus morcelé et uniformisé, il devient difficile pour ces espèces, dont la capacité de dispersion est parfois très faible, de reconnecter des populations isolées.
Si ce document dresse un état des lieux, il apporte également des pistes aux acteurs du territoire pour réduire les niveaux de menace qui pèsent sur les papillons de jours et leurs habitats. Plusieurs outils scientifiques et réglementaires y sont présentés, ainsi que des actions favorables à la préservation de ces espèces telles que la gestion écologique et planifiée de leur habitat, via notamment un pâturage adapté. L’apport des espaces protégés et des continuités écologiques est également un volet essentiel dans la préservation de ces espèces, aussi bien à l’échelle régionale avec le SRCE, que locale avec par exemple le maintien de couloirs à papillons fonctionnels. Issu de l’analyse de plus de 100 000 données collectées durant plusieurs dizaines d’années d’observations par 472 contributeurs, cet ouvrage vient donc enrichir les politiques publiques et s’adresse aux élus, aménageurs, gestionnaires et toute autre personne désireuse de mieux prendre en compte la biodiversité.

Alain Delavie

Agronome de formation et jardinier passionné depuis sa plus tendre enfance, collectionneur de plantes, Alain Delavie a exercé différents métiers toujours en étroite relation avec le monde végétal et le jardin, en commençant par celui de pépiniériste collectionneur avant de devenir journaliste et auteur spécialisé dans le jardinage. Il est aujourd'hui directeur des rédactions de Rustica (hebdomadaire Rustica, trimestriels Rustica Pratique et Rustica Les Essentiels).

Cet article a 3 commentaires

  1. danylines

    Mme Hidalgo vient de raser les serres d’Auteuil, classées pourtant! alors les papillons!!!! qui s’en soucie ……….???

  2. Josette

    Dans les fautifs il faut bien sur nommer les Départements qui d’un côté distribuent des magazines pour la protection de l’environnement et qui concrètement font l’inverse.

    Je me souviens de celui qui en pleine page titrait “Il faut sauver les orchidées de l’Essonne” quand au même moment des équipes rasaient les talus pleins de ces mêmes orchidées. On est idiot ou on ne l’est pas !

    Ici à la campagne même topo. A mon arrivée j’avais remarqué une grosse touffe de sceau de Salomon. Pas vu cette année cette belle plante mais les tracteurs qui rognent haies et talus dans le secteur oui hélas.

  3. Josette

    A toujours raser le moindre bout d’herbe sur les trottoirs, le bord des routes, des champs, les espaces publics, là où pourtant la nature est prête à revenir je ne suis pas du tout étonnée des résultats de cette enquête.

    Là où j’habitais il y a 6 ans passaient les Eaux de la Vanne, gérées par la ville de Paris. L’aqueduc borde les champs au sud de Paris.

    Dès fin Juin tout était rasé sur mon parcours de promenade. J’ai obtenu une fois de cette société que le tracteur “oublie” de tondre sur 1.800 km. Il fallait voir alors les myriades d’insectes qui butinaient les fleurs réapparues. Le fauchage avait eu lieu en début d’automne.

    Dans le parc de cette ville même calamité. Autour et dans les ruines de l’ancien château un espace “sauvage” béni pour toutes sortes de fleurs sauvages avec en prime des orchidées et tous les insectes qui vont avec. Avant le 14 Juillet tout était passé à la broussailleuse. Que de fois j’ai tempêté en voyant ce carnage.

    Ce n’est pourtant pas difficile de laisser de côté les débroussailleuses au vestiaire ! Pareille stupidité quand en plein été on rogne les arbres, chaque année bien sur, alors que l’on a tant besoin d’ombre…Des petits chemins de travers ont été peu à peu goudronnés… La liste des méfaits pourrait s’allonger…

    Ce travail supprimé en partie peut largement être remplacé par des plantations, des travaux d’embellissement de la ville.

    Les mairies sont les principales fautives.

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