Une étude récente du Centre d’Étude de la Conservation (Muséum national d’Histoire naturelle / CNRS / UPMC) et de l’Office Pour les Insectes et leur Environnement (Opie) montre que l’urbanisation réduit la diversité des insectes pollinisateurs et conduit également à leur homogénéisation à l’échelle de la France.

Syrphe, photo Germoun / fotolia
En augmentant les surfaces imperméables du sol, en réduisant la végétation, en favorisant les pollutions de l’air et du sol, l’urbanisation grandissante induit des changements pouvant nuire aux insectes qui se nourrissent de fleurs. En effet, la survie et la reproduction de ces espèces dépendent de la disponibilité en ressources et en lieux de nidification.

Deux phénomènes concomitants
D’une part, le nombre d’espèce diminue à mesure que croît l’urbanisation; en particulier pour les papillons, les syrphes et autres mouches, ainsi que pour les coléoptères (scarabées, longicornes, coccinelles…). Les hyménoptères (abeilles et autres) sembleraient, de leur côté, mieux tolérer la situation.

D’autre part, les communautés d’insectes pollinisateurs perdent des espèces spécialistes avec l’urbanisation. Il s’agit d’un phénomène dit d’homogénéisation biotique, où l’urbanisation favorise un sous-ensemble des espèces – les généralistes – au détriment d’autres – les spécialistes. Une tendance qui se retrouve chez tous les groupes, y compris les hyménoptères dont la diversité est aussi affectée.

Ces résultats sont possibles grâce aux données récoltées par les participants du programme de sciences participatives, Spipoll (Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs). “La solidité des résultats obtenus repose fortement sur l’approche participative utilisée ici, en permettant de travailler sur des milliers de données distribuées sur tout un pays et dans des contextes paysagers variés, mais collectées de manière standardisée par les observateurs.”

Référence
Nicolas Deguines, Romain Julliard, Mathieu de Flores et Colin Fontaine, Functional homogenization of flower visitor communities with urbanisation, Ecology & Evolution 2015, doi : 10.1002/ece3.2009