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L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) a dévoilé les résultats économiques de la filière, grâce au baromètre Unep-Val’hor-Agrica du second semestre 2020. Après un début d’année 2020 difficile (-6 % de CA sur le premier semestre), la baisse du chiffre d’affaires de la filière est de -1,5 %, grâce à un net rebond de l’activité au second semestre (+3 %). Cette récession, même si elle reste mesurée, vient interrompre une dynamique haussière depuis plusieurs années (+3,5% en 2019 et +15% sur la période 2017 et 2018) avec laquelle les entreprises du paysage espèrent renouer rapidement.

Ce retour à la croissance ne pourra pas s’effectuer sans une reprise rapide des marchés publics, qui restent en berne sur la fin de l’année 2020 (-1 % sur le 2nd semestre 2020), alors que les deux autres marchés remontent sur ce 2nd semestre : le marché privé professionnel avec +3 %, marché des particuliers à +5 %. Plusieurs indicateurs laissent penser que la croissance pourrait revenir malgré plusieurs craintes, principalement des difficultés de recrutement chroniques de la filière et des carnets de commande moins remplis, notamment du côté des donneurs d’ordre publics.

Chiffres clés du secteur du paysage en 2020

Une année au vert malgré la crise de la COVID19

Après des incertitudes marquées et un premier semestre impacté par la crise sanitaire (-6 % de croissance), l’activité des entreprises du paysage s’est reprise avec une progression de 3 % sur les six derniers mois de 2020. Dans l’ensemble, le chiffre d’affaires de la filière baisse de 1,5 % sur 2020 – un bilan annuel plutôt positif dans un environnement économique morose.

Une dynamique positive sur le marché des particuliers
Les particuliers ont particulièrement sollicité les entreprises du paysage en fin d’année dernière, avec une croissance record de +6 % sur le semestre. La période post-confinement ayant incité les Français à améliorer leur lieu d’habitation expliquerait en partie que la création de jardins et d’espaces verts (+3,5 %) ait connu une augmentation légèrement plus élevée que l’entretien (+2,5 %). D’ailleurs, sur cette période, le nombre de devis réalisés par les entreprises pour les particuliers a nettement augmenté.
Le deuxième confinement n’a pas eu les mêmes effets sur l’activité que le premier : l’activité en extérieur, moins risquée qu’en lieu clos, ainsi que le travail très important mené au printemps par les chefs d’entreprise pour adapter leur organisation aux mesures barrière ont permis aux entreprises de maintenir le cap et assurer les chantiers en automne.
Laurent Bizot, président de l’Unep analyse : « La vivacité du marché des particuliers traduit une attente renforcée pour le vert et la nature : à la sortie du confinement, la demande d’aménagements des jardins privés a été très forte. Les donneurs d’ordres publics devraient prendre en compte cet enseignement et intégrer cette attente dans leurs arbitrages pour rendre les villes plus durables et agréables. »

Des commandes publiques en difficulté
Cependant, des incertitudes importantes demeurent sur les marchés publics : l’activité évolue toujours de manière négative et fléchit de 1 point sur le second semestre (après une baisse de 6 % durant le 1er semestre). Les effets de la crise sanitaire ont été amplifiés par le cycle électoral de cette année : tout d’abord, le report du second tour des élections a retardé l’arrivée des nouvelles équipes et le lancement des chantiers publics ; puis, nous connaissons traditionnellement une période de baisse de la commande publique après les élections.
« Nous avions prédit cette baisse d’activité du côté des collectivités qui ont été impactées de plein fouet par la crise de la COVID 19, mais la baisse constatée au second semestre sur ce marché, alors que les autres segments se sont repris, n’augure rien de bon. », commente à ce titre Laurent Bizot. « Or il y a urgence à végétaliser les villes pour accompagner la transition écologique, atténuer les effets des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes et répétés, en soutien à la biodiversité, mais également pour garder les villes attractives et durables. »

Des perspectives optimistes pour 2021 avec des embauches au beau fixe

En contraste avec d’autres secteurs d’activité, celui du paysage a créé des emplois en 2020 : 69 % des entreprises concernées par l’emploi salarié ont embauché durant le second semestre 2020 ; c’est 13 points de plus que les intentions d’embauche exprimées au premier semestre. Au second semestre, le taux d’embauche était de 14 %, supérieur de 1,5 point au taux des départs (12,5 %). Sur l’année, on peut estimer à environ 2400 le nombre d’emplois créés dans le paysage.

Les entreprises auraient aimé recruter plus pendant la crise
Contre toute attente, les difficultés d’embauche retrouvent leur niveau d’avant crise et atteignent même leur plus haut niveau depuis 2017 : au second semestre 2020, la moitié des entreprises qui ont cherché à embaucher n’y sont pas parvenu (49 %), contre 30 % au premier semestre. Par ailleurs, la part très importante des embauches en apprentissage et en alternance (23 %) se situe à un niveau similaire à celle du second semestre de 2019, confortant l’importance de cette voie de formation pour la filière.

Les entreprises restent confiantes en l’avenir…
Autre signe de confiance, le nombre d’entreprises du paysage ayant investi en 2020 est équivalent à celui de 2019. Ces investissements concernent principalement le matériel et le transport. Enfin, pour 2021, priorité au personnel : 63 % des entreprises concernées par l’emploi salarié envisagent d’embaucher dans les six prochains mois, dont 40 % en CDI. En termes de profils recherchés, les ouvriers qualifiés sont les plus demandés (56 %), suivis par les ouvriers (26 %), les chefs d’équipe (15 %) et dans une moindre mesure, les cadres (3 %).

… même si elles sont réservées sur les marchés publics
Les entrepreneurs surfent sur la demande des particuliers et anticipent une croissance début 2021. En revanche, elles font part de leur pessimisme sur l’évolution des marchés publics, alors que le secteur des travaux publics prévoit, lui, une contraction de son activité de 12,5 % pour 2020.

Laurent Bizot conclue ainsi : « Le secteur du paysage subit moins que d’autres la crise sanitaire, c’est un fait. Même si les signaux actuels sont plutôt positifs, dans la continuité de la croissance que nous avons connue depuis 2017, trois indicateurs sont à surveiller : la reprise des marchés publics, la reprise des chantiers privés et le développement possible du travail illégal, qui pourrait nuire à la croissance de nos entreprises et de nos besoins en salariés. En réponse à ces trois points, je rappelle que nos entreprises sont les plus compétentes pour accompagner tous leurs clients dans des projets végétalisés pérennes, adaptés à leur environnement et favorable à plus de biodiversité. »