Colloque international pour la protection de la nature du 27 au 29 septembre 2023 au Muséum national d’Histoire naturel à Paris

La Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), l’Association pour l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement (AHPNE) et leurs nombreux partenaires académiques, institutionnels et associatifs organisent un colloque sur 3 jours dans l’Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution au sein du Muséum national d’Histoire naturelle (Paris 5e). Son ambition : replacer dans une perspective historique de longue durée les dynamiques de protection de la nature et questionner l’évolution des discours, figures, récits et pratiques durant plus d’un siècle de combats et de mobilisations.

Le 31 mai 1923, une assemblée cosmopolite venue de France et de nombreux pays se presse place Valhubert à Paris, devant l’amphithéatre des nouvelles galeries de paléontologie et d’anatomie du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Qu’est-ce qui peut rassembler ainsi plus de 300 savants naturalistes, artistes, forestiers, chasseurs, écrivains, vétérinaires, hommes politiques, hauts-fonctionnaires, ambassadeurs, grands propriétaires et quelques princes ?
Tous ont répondu à l’appel de Raoul de Clermont (1863-1942), ingénieur agronome, avocat à la Cour d’appel, qui leur communique en décembre 1922 une invitation. Celle-ci exprime toutes les inquiétudes de l’époque vis-à-vis de la protection de la nature : l’intensification agricole, l’industrialisation, la colonisation, la mondialisation s’effectuent dès le XIXe siècle au prix d’une destruction massive de populations et d’espèces, d’habitats et de paysages. Présidé par Louis Mangin (1852-1937), botaniste, directeur du MNHN et président de la Société Nationale d’Acclimatation de France (SNAF–future SNPN), le congrès est le fruit d’un long processus entamé dès le milieu du XIXe siècle qui voit progressivement diverses inquiétudes se faire jour.
Renouant le « fil interrompu » par la guerre, le Congrès de 1923 a l’originalité de rassembler en un même lieu et en un même moment tous les courants de protection de la nature, de façon bien plus intégrée qu’ensuite et qu’encore aujourd’hui. Les naturalistes amateurs et les scientifiques sont étroitement mêlés.
Le constat dressé unanimement par le Congrès, quels que soient les sujets ou les intervenants, est celui d’une dégradation importante de la nature, qui s’accélère. Elle consiste d’abord en une diminution des ressources naturelles dont bénéficient les humains. Ensuite ce sont les extinctions d’espèces qui alarment ainsi que l’artificialisation des paysages par l’urbanisation, les pollutions, l’intensification agricole… Toutes ces évolutions sont pourtant constitutives du progrès tel qu’il a été pensé, et valorisé, au XIXe siècle. Les congressistes ne s’opposent d’ailleurs pas à cette tendance., mais réclament des régulations, des limites, pour concilier progrès technique et préservation du vivant.
Pour les congressistes, il s’agit d’abord d’interdire les destructions directes les plus dommageables. A cet égard, les pratiques qui choquent le plus sont les chasses ou les pêches commerciales. Sur ce sujet des espèces menacées, le Congrès a ses stars, et leur réserve des ovations. Le premier est l’états- unien William Hornaday (1854-1937), directeur du jardin zoologique de New-York, considéré comme le sauveur des bisons d’Amérique et le propagandiste d’une loi de prohibition du commerce de plumes, qu’il obtient en 1913 aux États-Unis et en 1921 au Royaume-Uni.
Un autre personnage important, lui aussi vivement applaudi, est l’ornithologue français Jean Delacour (1890–1985) qui préside la section « faune » du Congrès. Lors de la séance d’ouverture de la session du 31 mai, il résume l’état d’esprit des congressistes : « Une espèce animale une fois éteinte ne saurait revivre… Les générations seraient en droit de nous jeter la pierre si nous n’essayions d’éviter de tels malheurs et de leur transmettre l’héritage naturel que nous ont laissé nos parents. »
Les congressistes font également la promotion d’une mesure de protection intégratrice : la réserve naturelle. Toutes les délégations nationales viennent présenter leurs réalisations de réserves et de parcs, y compris dans leurs colonies. La France apparaît curieusement en retard mais créera de nombreux espaces protégés en Algérie, à Madagascar, en Indochine et en Afrique aussitôt après le Congrès, jusqu’à l’indépendance de ces pays dans les années 1960. En France métropolitaine en revanche, il faut attendre 1927 pour voir une première réserve naturelle se créer en Camargue à l’initiative privée de la SNAF, future SNPN. Ce n’est qu’à partir de 1960 que l’État créera des parcs nationaux en France, en commençant par la Vanoise (1963).
(Extraits des textes de Henri Jaffreux, confondateur de l’AHPNE, et Rémi Luglia, président de la SNPN – Le Courrier de la Nature n°337)

Colloque international pour la protection de la nature du 27 au 29 septembre 2023 au Muséum national d’Histoire naturel à Paris

5 temps forts au cours du colloque

Pendant 3 jours, plus de 30 conférences et tables-rondes réunissant près de 70 intervenants auront lieu à l’Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.

1 Discours d’ouverture « Un centenaire pour quoi faire ? »
Muséum national d’Histoire naturelle
Mercredi 27 septembre 2023 14h-14h30

  • Nirmala SEON-MASSIN, Directrice de l’Expertise au Muséum national d’Histoire naturelle
  • Patrick FEVRIER, Président de l’Association pour l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement
  • Rémi LUGLIA, Président de la Société nationale de protection de la nature
  • Sarah EL HAIRY, Secrétaire d’État en charge de la Biodiversité (sous réserve)

2 Table ronde « Sciences et protection de la nature : quelles histoires communes ? »
Académie du climat
Mercredi 27 septembre 2023 18h-20h
Modératrice : Aurélie LUNEAU, Historienne, professeure associée à Sciences-Po Paris et journaliste spécialisée en environnement (France Culture)
Participants :

  • Pierre-Henri GOUYON, Professeur émérite au Muséum national d’Histoire naturelle, Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité – MNHN-CNRS, UMR 7205
  • Vanessa MANCERON, Directrice de recherche CNRS UMR7186, Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative, université Paris Nanterre• Catherine LARRERE, Philosophe
  • Maud LELIEVRE, Présidente du Comité Français de l’UICN et membre du conseil International de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)
  • Denis COUVET, Président de la FRB, Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation – MNHN-CNRS, UMR 7

3 Conférences « Un vif intérêt porté aux colonies »
Muséum national d’Histoire naturelle
Jeudi 28 septembre 2023 de 9h15 à 11h
Modératrice : Isabelle PARMENTIER, Professeure à l’université de Namur et vice-rectrice honoraire au Développement durable, Institute of Life-Earth-Environment (ILEE) et Pôle d’histoire et de sociologie environnementales de l’université de Namur (PolleN)

  • L’ambition internationale de la Belgique pour protéger la nature marquée par l’impulsion des sociétés savantes et la préservation des parcs nationaux coloniaux Marie-Sophie DE CLIPPELE, Professeure à l’université Saint-Louis – Bruxelles, Chaire en droit de la nature et de la culture.
  • Une protection coloniale de la nature ? Les forêts algériennes, de la conquête française à la mise en parcs (1830-1954) Jonas MATHERON, Doctorant, université Paris 1 Panthéon- Sorbonne – UMR 8138 SIRICE Romain OLD, Doctorant, université de Rennes 2, laboratoire Tempora
  • L’AEF et ses forêts : chroniques d’un système de domination par la faune. Le cas du Gabon (1916-1959) Hans-Johansen ONTSOUKA, Doctorant en histoire contemporaine, laboratoire CeTHiS (EA6298) université de Tours

4 Exposition et table ronde
Fondation François Sommer
Jeudi 28 septembre 2023 de 18h à 20h30

  • 18h-19h : Découverte de l’installation artistique « migrateurs | migrateure » de Maria Loizidou et accès libre à la collection du musée de la Chasse et de la Nature
  • 19h-20h30 : Protéger les oiseaux, d’hier à demain Modératrice/animatrice : Aurélie LUNEAU, Historienne, professeure associée à Sciences-Po Paris et journaliste spécialisée en environnement (France Culture)
  • 20h30-21h30 cocktail offert

Participants :

  • Valérie CHANSIGAUD, Historienne des sciences et de l’environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, Université de Paris.
  • François TURRIAN, Biologiste, Birdlife suisse
  • Pierre-Yves HENRY, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle, Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO), Unité Mécanismes adaptatifs et évolution (MECADEV – UMR 7179)
  • Jean JALBERT, Directeur de la Fondation Tour du Valat

5 Conclusion : 1923-2023, quelles leçons pour l’avenir ?
Muséum national d’Histoire naturelle
Vendredi 29 septembre 2023 de 15h30 à 17h
Participants :

17h-17h15 Discours de clôture

Colloque international pour la protection de la nature du 27 au 29 septembre 2023 au Muséum national d’Histoire naturel à Paris

Informations pratiques

Un rendez-vous majeur, gratuit et ouvert à tous pour prendre part à la réflexion sur la prise de conscience et la mise en place d’actions en faveur de la protection de la nature.
Auditorium de la grande galerie de l’évolution, Muséum national d’Histoire naturelle, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris.

Programme détaillé : https://www.snpn.com/wp-content/uploads/2023/06/PROGRAMME-COLLOQUE-INTERNATIONAL-sept-2023.pdf

Pour s’inscrire au colloque : https://defendre-nature.sciencesconf.org/