Bidens, gaillarde, abeille, bourdon, collage de fleurs d'été, Paris (75)

L’ARB îdF, département Biodiversité de L’Institut Paris Region, a publié la Note rapide “Quand les abeilles domestiques concurrencent les pollinisateurs sauvages“.

Si l’abeille domestique est bien une composante de la biodiversité, il serait néanmoins erroné d’en faire un emblème pour alerter sur l’érosion du vivant. En comparaison aux 950 espèces d’abeilles sauvages vivant également en France métropolitaine (20000 dans le monde), il ne s’agit que d’une infime fraction de la diversité des «abeilles ».

  • 950 espèces d’abeilles sauvages en France métropolitaine,
  • Près de 80% des insectes ont disparu en 30 ans,
  • de 650 à 1500 : évolution du nombre de ruches à Paris entre 2019 et 2021.

Contrairement aux pollinisateurs sauvages, les abeilles domestiques étant artificiellement maintenues, elles ne sont que partiellement impactées par la disparition des milieux naturels, l’intensification des pratiques agricoles et le changement climatique. Cependant, malgré tous les soins dont elles bénéficient, elles ne sont pas épargnées par les ravages provoqués par les pesticides, au même titre que l’ensemble des pollinisateurs. La forte dégradation de l’état de santé des colonies ces dernières décennies est d’ailleurs un indicateur criant de l’effondrement silencieux en cours chez les populations de pollinisateurs sauvages. En 2022, une étude a montré que la durée de vie moyenne d’une ouvrière chez Apis mellifera a diminué de moitié en 50 ans (34 jours en moyenne en 1970, contre 18 aujourd’hui).

Pourquoi l’abeille domestique n’est pas la solution idéale

La pollinisation des plantes par les insectes, indispensable à la reproduction d’environ 90% des plantes dans le monde, représente aussi un service écosystémique essentiel pour notre alimentation. Si l’importance des pollinisateurs n’est plus à démontrer, le rôle de la diversité des espèces qui les compose est encore méconnu. En plus des pollinisateurs très spécialisés, par exemple la Collète du lierre (Colletes hederae), qui, comme son nom l’indique, est spécialisée dans les fleurs de lierre, l’ensemble des espèces possèdent des cortèges de plantes qui leur sont associés. La compatibilité d’un pollinisateur avec sa plante est liée, notamment, à leur morphologie. Ainsi, les plantes avec des corolles longues et étroites ne peuvent être pollinisées que par des insectes possédant de longues langues capables d’atteindre le nectar situé au fond.

Une pollinisation uniquement réalisée par l’abeille domestique nuirait à la quantité et à la qualité des productions fruitières. De nombreux insectes sont plus que des pollinisateurs. Les chrysopes, par exemple, passent une bonne partie de leur vie à l’état larvaire. Pendant cette phase, les larves carnivores ingurgitent d’énormes quantités de pucerons et autres ravageurs, alors que l’adulte se contente du miellat et du pollen des fleurs.

L’abeille domestique, même si elle est particulièrement polyvalente dans la diversité des fleurs qu’elle visite, n’est pas une pollinisatrice ultime, capable de se substituer à des milliers d’espèces ayant toutes leurs particularités et affinités.

Il est aujourd’hui nécessaire d’appréhender l’ensemble des pollinisateurs et, s’il est plus facile d’installer des ruches ou des hôtels à insectes que de leur offrir des habitats favorables, l’urgence de la situation nécessite des moyens encore trop peu mobilisés.