"Opération Escargots", programme de sciences participatives

« Opération Escargots » est un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’Histoire naturelle, l’association Noé et l’Office français de la biodiversité. Lancé en 2009, il revient après une pause de 3 ans sous une nouvelle forme depuis avril 2023. Cet observatoire ouvre une fenêtre sur un autre compartiment de la biodiversité, en proposant à tous les citoyens de suivre les escargots dans leurs jardins.

Les mollusques, des données insuffisantes

Parmi les 691 espèces recensées en France (33 bivalves, 251 escargots d’eau douce et 407 escargots et limaces terrestres), un tiers n’existe nulle part ailleurs dans le monde et 11% sont menacées de disparition. L’analyse révèle également que 41% d’entre elles sont trop mal connues pour que leur statut de conservation puisse être évalué, elles sont donc classées dans la catégorie « Données insuffisantes ».

Au niveau mondial, la Liste rouge de l’UICN a recensé davantage d’extinctions d’escargots que de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens réunis. Comme le reste de la biodiversité, les escargots et les limaces sont sensibles aux modifications de l’environnement, en particulier les modifications de leurs habitats, auxquelles ils résistent mal du fait de leur capacité de déplacement limitée.

L’observatoire “Opération Escargots” évolue pour faciliter la participation

La connaissance de l’impact des changements globaux sur les dynamiques spatiales et temporelles d’espèces communes de groupes tels que les oiseaux, les plantes ou les insectes pollinisateurs a fait un bond en quelques décennies grâce aux sciences participatives. Afin de récolter un grand nombre de données et réaliser un suivi des mollusques terrestres, « Opération Escargots » rejoint QUBS, la nouvelle plateforme participative de suivi de la qualité biologique des sols. Si la nouvelle interface facilite la saisie des données, la principale nouveauté est l’utilisation de la photographie dans le protocole : chaque spécimen sera photographié et mis en ligne ; la photo permettra ainsi de développer un réseau d’aide à l’identification, d’échanges et de validation par la communauté d’observateurs et les scientifiques. Des outils pédagogiques revus et réactualisés, dont le guide « Coquilles et mucus», viennent compléter la nouvelle formule d’ « Opération Escargots ».

Impliquer les participants dans la conception du protocole

Le protocole de la première version de l’observatoire consistait à poser une planche en bois dans son jardin, la retourner un mois plus tard par temps sec, pour relever et compter le nombre d’individus par espèces présentes. Au-delà des problèmes d’approvisionnement en planches de bois brut et non résineux, les résultats des travaux scientifiques ont montré que l’essence du bois peut avoir une influence sur les espèces qui viennent s’y réfugier. Aussi, le nouveau protocole propose d’utiliser des coupelles de terre cuite comme support tout en laissant la possibilité d’utiliser des planches : les données récoltées permettront d’évaluer à grande échelle si les différents supports ont une influence sur les observations, afin de fiabiliser le suivi des gastéropodes terrestres.

Une porte d’entrée idéale vers la biodiversité et l’écologie

Les gastéropodes terrestres cachent une diversité étonnante, avec des morphologies, lieux et modes de vie variés, des moyens de défense originaux contre les prédateurs, un rôle dans la formation de l’humus ou encore une place dans la chaine alimentaire, qui sont autant d’aspects permettant d’aborder et de sensibiliser tout un chacun à l’écologie. La simplicité du protocole et la faible mobilité de ces organismes en font une activité facile et ludique pour approcher la diversité et le fonctionnement du vivant, en particulier en famille avec des jeunes enfants. En témoigne le succès de la déclinaison du protocole pour les scolaires dans le cadre de Vigie-Nature École depuis 2012 : parmi les 8 protocoles auxquels les élèves peuvent participer avec leurs enseignants, « Opération Escargots » fait partie des trois programmes qui rassemblent le plus de classes chaque année.