Journée Internationale de la Biodiversité, 22 mai 2021

La Journée internationale de la biodiversité est une journée créée en 1993 par les Nations unies. Elle est célébrée le 22 mai depuis l’an 2000, date de l’adoption du texte de la Convention sur la diversité biologique.

La France métropolitaine se situe au carrefour de quatre régions biogéographiques terrestres (alpine, atlantique, continentale, méditerranéenne) et de deux régions marines (atlantique, méditerranéenne), position qui explique la riche diversité des habitats naturels et des espèces qu’elle abrite. La France héberge 10% des espèces connues et, chaque jour, de nouvelles espèces sont découvertes. Ses nombreuses espèces endémiques, qui ne vivent nulle part ailleurs sur la planète, lui confèrent également une forte responsabilité. La France figure parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées au niveau mondial, du fait des pressions exercées par les activités humaines et de ses territoires ultramarins répartis sur l’ensemble du globe.

La situation des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français est préoccupante. Les populations d’insectes et d’oiseaux chutent. La biodiversité est confrontée à de nombreuses pressions : artificialisation des sols, fragmentation des milieux naturels, changement climatique, pollutions chimique et lumineuse, etc.

Le changement climatique, une menace pour la biodiversité

Le dernier rapport du GIEC (2018) fait apparaître le changement climatique comme le troisième facteur affectant la biodiversité avec un impact depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique. Ce rapport souligne que de nombreux habitats naturels sont menacés par les effets du réchauffement climatique.

En effet, le changement climatique modifie l’aire de répartition des espèces (une augmentation de 1°C correspond en France à un décalage des zones climatiques d’environ 200 km vers le Nord). Ces modifications entraînent un déplacement des espèces vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées, avec une vitesse de déplacement modulée par les capacités de migration propres à chaque espèce et des interactions avec les activités humaines. Ainsi certaines espèces très mobiles pourront se déplacer rapidement si des corridors écologiques sont maintenus, tandis que d’autres (peuplements arborés) seront plus lentes à suivre leur niche écologique.

La migration des espèces vers le Nord et les régions de plus haute altitude modifiera les peuplements et de nouvelles relations s’établiront, en particulier des relations de compétition entre des espèces généralistes qui auront migré et des espèces spécialistes de certains milieux. Parmi eux, figurent les milieux montagnards, qui, en France métropolitaine, concentrent de nombreux écosystèmes diversifiés. Ainsi, la fonte des glaciers, qui altère le régime d’écoulement des cours d’eau, peut engendrer de profonds changements sur les écosystèmes et mettre en péril les espèces spécifiques de ces habitats. Le changement climatique modifie également la physiologie des espèces. Les calendriers biologiques pourront évoluer avec des conséquences complexes sur les écosystèmes car des désynchronisations entre espèces interdépendantes pourront avoir lieu.

Logo de l'Office National des Forêts (ONF)

L’ONF prépare l’avenir des forêts publiques

Depuis 2018, plus de 300.000 hectares de forêts publiques en France subissent des dépérissements importants et un taux de mortalité inédit. En cause : l’accélération du changement climatique à l’origine d’épisodes répétés de sécheresse et de crises sanitaires. Une tendance à la hausse qui s’est poursuivie en 2020.

Pour l’ONF, l’adaptation des forêts passe par l’introduction d’un nouveau concept de sylviculture fondé sur le principe de “forêt mosaïque”. L’objectif : renforcer la diversification des essences, à l’instar des expérimentations menées dans les îlots d’avenir, mais aussi adapter les modalités du renouvellement dans l’espace forestier.

Le résultat sur le terrain ? Une forêt partagée entre futaie régulière, irrégulière, taillis sous futaie, régénération naturelle, zones de plantations îlots d’avenir. Il s’agit aussi de continuer à associer aux secteurs productifs, des zones en libre évolution (réserve biologique intégrale, îlots de sénescence…). L’objectif est d’avoir une gestion qui sera aussi plus douce pour le paysage forestier.

Les mesures mises en œuvre pour protéger la biodiversité

30% d’AIRES PROTÉGÉES en France d’ici à 2022, dont un tiers sous protection

Le déploiement d’un réseau d’aires protégées par voie contractuelle ou réglementaire, impliquant les décideurs et la société civile, est une des actions clés de préservation des milieux naturels et des espèces face aux enjeux d’érosion de la biodiversité.

40% DE LA FORÊT PUBLIQUE située en zone NATURA 2000

À l’échelle européenne, le réseau Natura 2000 constitue le plus vaste réseau de protection de la biodiversité au monde. Il est composé de sites naturels (Zone de Protection Spéciale et Zone Spéciale de Conservation), terrestres ou marins, dont l’objectif est le maintien des habitats et des espèces d’intérêt communautaire tout en permettant la pérennisation des activités humaines existantes sur ces espaces. 1 773 sites Natura 2000 sont dénombrés en décembre 2017, dont la partie terrestre couvre près de 13% du territoire métropolitain.
La Stratégie nationale aires protégées 2020-2030 a pour objectif de classer 30% du territoire national (métropole et Outre-Mer) en espaces protégés, dont 10% sous protection forte. A l’issue de la précédente stratégie de création d’aires protégées 2009-2019, environ 1,4% du territoire terrestre métropolitain était couvert par des statuts de protection forte (arrêté de protection de biotope ou de géotope, cœur de parc national, réserve naturelle, réserve biologique), tandis que déjà presque 7% de la superficie des forêts domaniales était déjà concernés.

Les 250 réserves biologiques créées et gérées par l’ONF dans les forêts relevant du régime forestier ont apporté une contribution majeure à la Stratégie nationale de création d’aires protégées (SCAP). Après la SCAP, place à la SNAP (Stratégie nationale aires protégées) en 2021. Les réserves biologiques continueront d’occuper dans ce cadre une place de premier rang. Conformément aux engagements pris par le président de la République en 2019 lors d’un Conseil de défense écologique et repris par la SNAP, 230.000 hectares de forêts domaniales seront ainsi placés sous statut de protection forte, dont 50.000 en métropole et 180.000 en Outre-mer.

Les réserves biologiques, des espaces protégés d’exception

Spécifique aux forêts publiques, le statut de réserve biologique existe depuis les années 1950. Début 2021, le réseau national comptait 250 réserves, couvrant plus de 53 000 hectares dans les forêts de métropole et 86 000 dans les départements d’Outre-mer. Une cinquantaine de projets sont en cours d’instruction. Ces réserves constituent tant des points forts pour la “stratégie nationale biodiversité” et le respect des engagements internationaux de la France, qu’un outil au service d’initiatives locales de protection de la nature.

Dans chaque forêt gérée par l’Office national des forêts (ONF), les forestiers concilient protection de la biodiversité, production de bois, accueil du public et prévention des risques naturels. C’est ce qu’ils appellent : “la gestion multi-fonctionnelle” des forêts publiques. Quand les enjeux écologiques sont prépondérants, ils peuvent amener l’ONF à créer des espaces protégés plus spécialisés dans la conservation du patrimoine naturel : ce sont les réserves biologiques. Ces réserves sont de deux types :

Les réserves biologiques dirigées (RBD)

Ces réserves concernent des milieux forestiers à la fois remarquables et nécessitant une gestion conservatoire spécifique. Dans les RBD, la gestion est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique (pour maintenir ou restaurer des zones humides), lutte contre des espèces exotiques envahissantes (EEE)…
Les plus souvent, les réserves biologiques dirigées protègent des milieux ouverts (landes, tourbières…) qui risqueraient de subir une fermeture et une régression du fait du développement naturel de la végétation. Ces réserves concernent une très grande diversité de milieux, depuis les espaces littoraux jusqu’aux pelouses alpines.
Les RBD sont reconnues comme espaces protégés de catégorie 4 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ces catégories vont de 1, RBI, à 6 pour des aires protégées consacrées à l’utilisation durable des ressources naturelles.

Les réserves biologiques intégrales (RBI)

Les RBI sont consacrées à la libre évolution des forêts. L’ONF a créé un réseau national de réserves biologiques intégrales représentatives de la diversité des milieux forestiers: depuis les plus communs, mais caractéristiques de grandes régions naturelles (hêtraies de plaine, chênaies vertes méditerranéennes, sapinières montagnardes…) jusqu’aux plus remarquables (forêts alluviales, érablaies sur éboulis…).
En métropole, la surface des RBI varie d’une cinquantaine à plus de 2 500 hectares. La plus grande se trouve en Guyane et dépasse 60 000 hectares. Ces réserves sont à la fois des observatoires de la dynamique naturelle sur le long terme (notamment dans le contexte de changement climatique) et des conservatoires d’une biodiversité particulière qui est plus rare dans les forêts exploitées (insectes et champignons liés au bois mort, etc.).
Outre les études scientifiques, les seuls actes de gestion possibles sont, la sécurisation de voies longeant ou traversant les réserves (sentiers pédestres balisés, chemins, routes) et l’élimination d’espèces végétales ou animales allochtones, la régulation des ongulés par la chasse en l’absence de prédateurs (pour préserver les équilibres naturels entre faune et flore).

En 2021, 2 réserves biologiques dirigées labellisées “liste verte de l’UICN”

En mars 2021, la Réserve biologique dirigée (RBD) du Littoral de Saint-Philippe et la RBD de la Forêt de Bois de Couleurs des Bas, à La Réunion, ont reçu le label “Liste verte des aires protégées” décerné par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La Réserve biologique dirigée (RBD) du Littoral de Saint-Philippe

Sur pas moins de 5 kilomètres du littoral touristique de la commune de Saint-Philippe, elle apporte une protection réglementaire et une gestion conservatoire renforcée, à un très riche ensemble de milieux naturels littoraux, ainsi qu’une valorisation particulière auprès du public.

La RBD de la Forêt de Bois de Couleurs des Bas

Cette réserve fait de même pour 7 sites relictuels de forêt humide endémique de basse altitude, type d’habitat ayant énormément régressé depuis l’implantation humaine à La Réunion au XVIIe siècle.

La Liste verte distingue des espaces protégés sur la base de l’évaluation de la qualité globale de leur gestion. Elle repose sur quatre piliers qui sont la gouvernance, l’existence d’un document de gestion, l’e ectivité de la gestion et la qualité des résultats obtenus. La labellisation “Liste verte” de ces deux réserves réunionnaises fait suite à celles de la réserve biologique intégrale (RBI) du Bois du Loc’h (Finistère) et des deux RBD du Hochfeld et du Champ du Feu (Bas-Rhin). Il y a ainsi 5 réserves biologiques parmi les 22 espaces protégés de tous types inscrits à la “Liste verte” en France, actuellement premier pays contributeur en nombre de sites.

Connaître et préserver la biodiversité des forêts, un enjeu majeur pour les forestiers de l’ONF

A l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité, les équipes de l’Office national des forêts (ONF) vous invite à découvrir les actions concrètes pour la protection de la biodiversité et ses réseaux naturalistes, acteurs de terrain engagés au service de la protection de l’environnement.

En forêt, la préservation de la biodiversité est avec l’augmentation de la mobilisation de bois l’un des piliers de la gestion forestière durable. Elle s’inscrit dans des politiques plus globales pour lesquelles la France a souscrit des engagements internationaux, comme le développement durable et la biodiversité. Cette gestion particulière des forêts françaises permet de préserver ou valoriser de manière pérenne un bouquet de services écosystémiques rendus par la forêt tels que la régulation du cycle de l’eau, la régulation thermique, le stockage du carbone, la protection des sols, etc.

Préserver et développer la biodiversité est l’une des missions prioritaires de l’ONF. Cette ambition se traduit par une prise en compte systématique des enjeux environnementaux dans la gestion sylvicole et l’exploitation forestière, avec notamment :

  • le marquage et la conservation d’arbres “bio”,
  • l’interruption des travaux forestiers durant les périodes de nidification d’oiseaux, comme pour le balbuzard pêcheur en forêt domaniale d’Orléans,
  • la mise en place d’îlots de vieux bois,
  • l’interdiction de produits phytosanitaires,
  • la préservation des sols forestiers et des cours d’eau.