L’association EBTS (European Boxwood and Topiary Society), dirigée par Patrick Salembier, organise depuis 4 ans les “Journées mondiales de la Topiaire “. La prochaine édition se déroulera les 10 et 11 mai 2025.
Cette manifestation, unique en France, en Europe et ailleurs, fait découvrir la Topiaire dans l’Art des jardins et propose un rassemblement de 100 jardins emblématiques – surtout privés, dont de nombreux “jardins Remarquables”- sont à découvrir en ouverture exceptionnelle avec des visites guidées, des ateliers conseil sur l’art de la taille et le soin des végétaux.
Découvrez la liste des jardins participants sur : buis-et-topiaires.org
L’art topiaire, la réinvention des végétaux
Originellement le terme grec topia (dérivé de topos, le lieu) désigne une catégorie de peinture, celle de paysages à la fresque, scènes sacrées ou idylliques, figurant dans le péristyle des maisons privées ou des monuments publics. Chez les romains, un glissement de sens va se produire, le topiarius devenant le technicien chargé de l’entretien des jardins d’agrément, qui tire justement son nom de ces sources iconographiques où il va chercher l’inspiration pour les transposer dans l’espace tridimensionnel des jardins.
L’art topiaire consiste à conduire un végétal ligneux, sempervirens ou herbacé, principalement par la taille, ou encore l’accolage et même le greffage. De nombreuses plantes, à petites feuilles et à port compact, se prêtent à ces pratiques, surtout le buis, mais aussi l’if, le laurier, le cyprès, les myrtes, etc. Les topiaires, artefacts vivants, résultant de ces techniques horticoles peuvent adopter, dans un but décoratif, des formes très diverses relevant de l’architecture (pergolas, palissades, bosquets), de la sculpture selon des figures variées (géométriques, abstraites ou figuratives) ou encore d’autres pratiques artistiques, comme la broderie (parterres). Les topiaires effectuées par la taille, principalement à l’aide de cisailles, sont dites « en taille directe ». Le cordeau et le fil à plomb permettent d’obtenir des surfaces planes, tandis que des gabarits aux profils très variés, et même des patrons, aident à réaliser des volumes et des tracés plus complexes.
Déjà, très perfectionnées dans l’Antiquité chez les romains, comme l’explique Pline le Jeune qui parle à leur sujet de nemora tonsilia, ces techniques se sont transmises à travers les siècles dans l’art des jardins de l’Europe entière. Mais on trouve aussi des formes topiaires dans ceux de la tradition arabe ou persane, ou, plus lointains, de la Chine et du Japon (taille en nuage ou Niwaki). À la Renaissance, l’art topiaire connaît un renouveau éclatant en Italie, tant dans les demeures toscanes des Médicis, que dans les jardins du pape au Vatican ou encore à la villa d’Este où il permet de souligner les terrasses, d’habiller les pergolas et de mettre en forme quatre grands labyrinthes réguliers. À la même époque, qu’il s’agisse de la France (Androuet du Cerceau), de l’Angleterre ou des Pays-Bas (Vredeman de Vries), les dessinateurs de jardins multiplient les recueils de modèles de parterres où, tantôt ils combinent des compartiments géométriques, tantôt ils imaginent d’élégants entrelacs (Knot gardens), tous réalisés à base de végétaux variés. L’Europe du XVIIe siècle, héritière de ce riche vocabulaire formel et de ces savoir-faire techniques sophistiqués va les porter à leur plus haut degré de perfection. Bien sûr, ici, s’impose le modèle du «jardin français» régulier où l’art topiaire devient le vecteur principal de son inscription dans l’espace, qu’il s’agisse des grandes structures organisant les bosquets ou du raffinement des ornements (parterres de broderies, virtuosité plastique de la taille des ifs). L’exemple de Versailles et la mémoire d’ André Le Nôtre, son génie tutélaire, vont se perpétuer pendant des décennies pour perdurer jusqu’à nos jours. Aux XVIIIe et XIXe siècle, l’invention du style pittoresque, dit « à l’anglaise », et la diffusion des jardins paysagers occulteront ce goût pour une nature harmonieusement géométrisée, jugée désormais trop soumise à la maîtrise humaine. Avec la réinterprétation des « jardins à la française » à la fin du XIXe siècle (Achille Duchêne) et l’irruption de la Modernité (André Véra) dans le monde des jardins (Arts déco, Cubisme, etc.), l’art topiaire fait un retour remarqué. De grands paysagistes du XXe siècle, comme l’Italien Pietro Porcinai, le Danois Carl Theodor Sorensen ou le Belge Jacques Wirtz ont, à leur tour, su inventer un vocabulaire topiaire d’une grande originalité.
De nos jours, la question de la taille directe se pose. Et des spécialistes de l’horticulture, comme des concepteurs de jardins, imaginent une alternative, véritable avenir biologique de l’art topiaire, grâce aux techniques d’avant-garde de l’hybridation.
EBTS FRANCE : 22 ans déjà !
Jardins privés et publics, jardins remarquables, jardins historiques, jardins contemporains, professionnels de l’art des jardins tels que historiens, paysagistes, jardiniers, pépiniéristes, photographes et divers experts… les 1000 membres sont les contributeurs dynamiques de l’association.
EBTS a pour objet d’encourager, de protéger, de promouvoir, par tous les moyens à sa disposition, l’art topiaire dans les parcs et jardins et plus particulièrement la connaissance et l’utilisation des différentes variétés de buis ainsi que les autres végétaux utilisés pour cet art particulier appliqué à celui des jardins.
Les actions de l’association consistent principalement en :
- Manifestations collectives telles que conférences, débats, démonstrations, expositions, séminaires techniques, visites et voyages organisés, voyages d’études,
- Réunion et conservation de documents historiques et/ou contemporains, inventaires de dispositifs topiaires existants, publications : revues annuelles Buis & Topiaires et Topiarus et le Manuel du Buis.
- Echanges et participations en matière de recherche scientifique botanique et phyto-sanitaire concernant le buis et les autres arbustes utilisés pour l’art topiaire.
EBTS France compte 438 membres avec ses délégations à Washington, à New York et New Jersey, en Pennsylvanie et Virginie, au Portugal, en Espagne, en Italie, en Suisse et à Monaco.