Talus désormais 2021 Lavis sur papier marou é Triptyque, 146 × 267 cm Collection particulière

Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam organise une exposition temporaire consacrée à l’œuvre de Claire Illouz (1955-), artiste française contemporaine résidant à Chérence, village situé dans le Parc naturel régional du Vexin français, à une soixantaine de kilomètres de L’Isle-Adam.

Claire Illouz s’intéresse au paysage – thématique chère à l’institution adamoise – mais à un paysage quelque peu oublié : ce sont les espaces négligés, où la nature a repris ses droits, qui retiennent son attention. Elle montre des étendues recouvertes d’herbes folles luxuriantes, qui se sont multipliées de manière apparemment anarchique. Elle imagine l’entrelacement des racines dissimulées sous terre et les objets abandonnés par l’homme qui pourraient s’y cacher, tels des « vestiges modernes ». Savamment composés, toujours à partir de croquis pris sur le motif, ces paysages
des « talus » sont traités avec une in nie délicatesse et une minutie de trait qui confèrent à ces espaces en marge une élégance rare.

Bien que le point de départ de toutes les œuvres de l’artiste soit le dessin (fusain, graphite, etc.), son exigence visuelle s’accompagne d’expérimentations plastiques qui la conduisent à s’essayer à divers médiums : peinture à l’huile, aquarelle, lavis d’encre, gravure (aquatinte, eau-forte, burin et pointe sèche).

Pour cette exposition, près de 80 pièces ont été réunies : peintures, dessins, gravures et livres d’artiste, provenant soit de collections particulières, soit de l’atelier de Claire Illouz.

Les talus

Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq a réuni pour cette exposition près de quatre-vingts œuvres de l’artiste Claire Illouz, afin de rendre compte de l’aspect protéiforme de son travail. Au centre du propos une thématique chère à l’artiste ainsi qu’à l’institution adamoise : le paysage. Pourtant, pas de paysages « disciplinés », bien au contraire, puisque ce sont les espaces négligés, en marge, qui retiennent l’attention de Claire Illouz. La nature indocile, les « mauvaises herbes », les plantes qui poussent là où on ne les attend pas sont pour elle une source constante d’inspiration.
Ses recherches plastiques la poussent souvent à travailler par série. Elle en a d’ailleurs entrepris une consacrée aux « talus » dans les années 2010 et poursuit son travail sur ces parcelles de paysages : « Habitant loin de la ville, je fouille des yeux cette partie du paysage que l’on oublie souvent, les talus. La multitude négligée et chaotique de végétaux – et d’objets – que j’y observe, m’évoque souvent nos propres structures mentales. Quant au moral, l’obstination de ces herbes, inlassablement fauchées, m’est une constante leçon. »
Cette thématique qu’elle aborde à l’aide de di érents médiums : peinture à l’huile, lavis, aquarelle, dessin au graphite et gravure est présente tout au long de l’exposition.

Les sous-sols

Ces espaces qui se trouvent sous nos pas font eux aussi l’objet d’une série d’œuvres exposées ici. Il s’agit là encore de s’intéresser à des espaces à part, que l’œil ne distingue pas. Claire Illouz imagine ainsi l’entrelacement des racines dissimulées sous terre et les objets qui pourraient s’y cacher, tels des « vestiges modernes ».
Bien que l’homme soit peu représenté dans l’œuvre de l’artiste, sa présence est palpable dans ses paysages. C’est lui qui les a façonnés puis délaissés. Dans cette série, il devient une menace pour la nature par le biais des objets qu’il y a abandonnés, au bord des routes notamment (Sous nos pas IV, Vestiges III).

La gravure

Claire Illouz pratique la gravure depuis près de trente ans. Le dessin est à l’origine de tout son travail, avec cette technique également. C’est avant tout le fait « d’inciser » le dessin qui l’intéresse. Les techniques qui ont sa préférence sont celles de la gravure en taille douce : eau-forte, aquatinte, pointe sèche et parfois burin.
L’artiste a élaboré un procédé particulier depuis plusieurs années : sur un même support, elle imprime en plusieurs passages successifs différentes plaques, faisant disparaître le cadre figé de la cuvette. Claire Illouz associe différentes matrices en cachant volontairement telle ou telle partie avant impression. Les différents passages sous presse permettent d’ajouter des valeurs, des densités de tons, etc. Cette méthode demande concentration et précision et produit des tirages uniques.
L’artiste porte par ailleurs une attention particulière à l’encre et au papier qu’elle utilise pour ses gravures – elle imprime parfois sur soie, ce qui impose une manipulation délicate. Claire Illouz est une expérimentatrice, sa manière d’encrer est très personnelle, elle aime « pousser » les papiers, dont elle connaît parfaitement les qualités et la résistance, jusqu’à leurs limites.
En gravure, comme dans ses dessins et peintures, l’artiste poursuit son travail sur les thèmes qui l’obsèdent. On y retrouve les herbes folles, les sous-sols, mais aussi ce qu’elle nomme « Les Antipodes », des paysages inversés où les arbres se retrouvent racines en l’air.

Les livres d’artistes

L’amour que porte Claire Illouz à la littérature et à la poésie l’a amené à réaliser des livres d’artistes. Une dizaine d’entre eux sont exposés ici, afin de rendre compte de cette production qui tient une place importante dans son œuvre.
Il n’y a pas forcément de lien entre les différents ouvrages qu’elle illustre, mais une ligne directrice : l’admiration qu’elle porte aux auteurs choisis et la résonnance qui s’opère entre son travail et le leur. Par le biais d’images gravées, le jeu des typographies, de la mise en page, le choix du format et du papier, elle propose une lecture nouvelle des œuvres de Ronsard, Emily Dickinson, William Butler Yeats, Stephen Crane, Henri Droguet ou encore Pascal Riou. L’artiste souhaite en effet emmener « le lecteur – et aussi l’auteur – en pays inconnu, avec une liberté qu’aucune édition courante ne peut permettre ». Les livres d’artistes de Claire Illouz deviennent aussi parfois le point de départ de créations connexes.

Informations pratiques

Exposition du 10 avril au 18 septembre 2022
Ouvert du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h, fermé le lundi et le mardi, le 1er mai et le 14 juillet.

Tarifs :
Plein : 4,50 € ; réduit : 3,50 € Gratuit le 1er dimanche de chaque mois, pour les Adamois, les moins de 18 ans, les étudiants en Arts plastiques et en Histoire de l’art et les Amis du Louvre.

Accès :
31, Grande Rue, 95290 L’Isle-Adam.

Contact :
Tél. : 01 74 56 11 23 / 01 34 08 02 72.
Courriel : musee@ville-isle-adam.fr
www.musee.ville-isle-adam.fr