Du 1er juin au 20 juillet 2019, exposition (re)végétaliser, Fresnes (94)

Cette exposition est la seconde d’un diptyque consacré à mettre en lumière la façon dont certains plasticiens traitent du végétal, non pas dans une approche purement représentative et figurative, mais dans une démarche de déconstruction et de reconstruction d’une nature réelle, fictive ou fantasmée.

Ce second volet, (re)végétaliser, est dominé par la reconstruction d’une nature devenant naturante, alors que le premier, (dé)végétaliser, se plaçait plutôt du côté de la déconstruction des végétaux d’une “natura naturata”, transposée de la métaphysique à la nature environnante.
Pour (re)végétaliser, quatre artistes plasticiennes ont été choisies. Chacune à sa façon et dans des approches très diversifiées, révèle et met en scène la capacité génésique du végétal : vision cosmogonique chez Marguerite Artful, résilience et régénérescence chez Alexandra Chauchereau, rédemption par l’artisanat chez Marie Denis, exubérance proliférante chez Zoé Dubus…

Marguerite Artful, plasticienne et vidéaste, met en scène des objets au statut incertain, tour à tour œuvres d’art, éléments de décor ou accessoires de mises en scène improbables. À ces objets simples, elle confère une charge symbolique que la prise de vue révèle et magnifie en leur donnant du sens. Un sens qui n’a rien d’unique car chaque spectateur est invité à y projeter ses propres expériences personnelles. Il en résulte un univers où les frontières entre le rêve et la réalité deviennent perméables, incertaines. De sa démarche, elle écrit : « Contempler le monde avec assiduité, se souvenir, inventorier, commémorer sont les pratiques au cœur de ma démarche artistique. Je capte et je restitue de petits états-moments du quotidien. J’explore les frontières poreuses du sujet intime/sujet social et les relations ambiguës du sujet avec son objet désir/objet transitionnel. J’articule des récits autour d’émotions ambivalentes. Je me perds enfin, dans les méandres et surprises de la narration.»
Dans sa vidéo “Silent scream”, le végétal – en l’occurrence une fleur – devient témoin et agent de la recréation de l’univers, dans un big bang donnant naissance à une planète Terre redevenue verte.

Alexandra Chauchereau a découvert, dans sa cave, le carnet de guerre de son grand-père paternel, mobilisé pendant la Grande Guerre, notamment sur le front de Woëvre et la butte de Vauquois. Elle est retournée sur les lieux et les a photographiés afin de les peindre en y incorporant, comme dans un palimpseste, les écrits du carnet. Les textes sont reproduits avec sa propre écriture ou celle de son grand-père projetée sur le support. Avec ses mots, la main de l’artiste trace ce que la propre main de son aïeul a tracé il y a cent ans. L’œuvre achevée, le texte peut avoir été partiellement ou totalement recouvert. C’est l’acte d’avoir mêlé les deux écritures qui importe pour elle. Dans ce travail de mémoire,sont donc confrontées deux images de la nature végétale, celle, sous-jacente, de sa destruction par les pilonnages d’artillerie et celle, régénérée, qui l’a remplacée. Une belle métaphore de la capacité de résistance et de régénération du végétal, même lorsqu’il fait l’objet de destructions massives.

Les travaux de Marie Denis se situent dans la descendance des productions des artistes de l’École de Nancy qui, au début du XXe siècle, ont œuvré à l’intégration du végétal dans les arts plastiques et décoratifs. Son savoir-faire et ses gestes sont ceux d’un artisanat envoie de disparition, mais revivifiés dans une perspective sans complaisance pour la facilité et résolument contemporaine. Il y a aussi, chez elle, du dilettante, dans le sens noble de ce terme, celui de l’amateur et de son cabinet de curiosités. Elle fait également montre d’un tempérament de chercheuse avide d’exhaustivité et de diversité avec son goût pour les herbiers et les collections botaniques. Ses travaux exaltent la fragilité des plantes et des herbes, des fleurs et des arbres, dont elle transcende les caractéristiques naturelles pour viser à une certaine forme d’universalité… Tout en s’inscrivant dans un langage et des préoccupations ouvertement de notre temps…

Les compositions de Zoé Dubu sont l’exubérance de la forêt amazonienne et des carnavals du Brésil, pays où elle réside souvent. Les végétaux y sont foisonnants, envahissants, proliférants, mais jamais menaçants. On y retrouve les couleurs vives et chatoyantes des papiers découpés de Matisse, dans des évocations qui perpétuent une vision édénique d’un monde que l’Homme n’a pas encore complètement détruit. Cette vision optimiste d’une végétation revenue à un état primitif – plus rêvé ou fantasmé que réel – ne va pas sans quelques menaces, que ce soient les serpents tentateurs qui s’y glissent ou des animaux affamés dont les gueules agressives béent. Zoé Dubus nous fait alors sortir des enchantements d’une nature régénérée pour nous mettre en face des risques qu’elle encourt. Une leçon à méditer…

Informations pratiques

Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h.
Vernissage le samedi 1er juin 2019 à 15h.
Entrée libre.

Espace d’art Chaillioux Fresnes 94, 7 rue Louise Bourgeois, 94260 Fresnes.
Courriel : contact@art-fresnes94.fr
Tél. : +33 6 89 91 47 00.

Par les transports en commun : depuis la station Croix-de-Berny (RER ligne B), prendre la ligne TVM jusqu’à l’arrêt Montjeanou ou la ligne de bus 396 jusqu’à l’arrêt Cerisaie.