Ethan Murrow, Passage, 2023, Graphite sur papier, 122 x 122 cm, Galerie Les filles du calvaire

Deux ans après son dernier solo show à la galerie Les filles du calvaire, Ethan Murrow (Boston) revient à Paris du 12 octobre au 25 novembre 2023, avec “Magic Soil”, une exposition regroupant un ensemble inédit de dessins et de peintures.

Toujours avec une maîtrise technique remarquable, Murrow continue d’explorer les possibilités infinies de son médium pour nous plonger dans son univers unique : un monde surréaliste et imaginaire peuplé d’agriculteurs et de jardiniers s’attelant à leurs taches. Si l’absurdité apparente de leur quête peut semblait vaine, ils témoignent pourtant des efforts considérables à employer pour cultiver la terre d’une planète tant fragilisée. En représentant ces travailleurs acharnés, l’artiste nous invite à réfléchir sur la valeur du travail agricole et à l’engagement nécessaire pour préserver l’équilibre avec notre terre nourricière. Les œuvres remettent en question l’idéalisation des traditions agricoles tout en célébrant l’humilité et l’importance des agriculteurs qui travaillent en complicité avec la nature.

Ethan Murrow, Wishing Well, 2023, Graphite sur papier, 122 x 91 cm, Galerie Les filles du calvaire

“Les dessins et peintures semblent représenter des agriculteurs qui auraient adopté une approche mystique et magique pour résoudre les problèmes liés à la terre. Ils peuvent être considérés comme naïfs, mais ce sont des agriculteurs intelligents et tournés vers l’avenir, capables d’associer des récits traditionnels à des observations objectives. La « terre magique » peut résulter d’un traitement respectueux et patient, ou de l’utilisation discrète de nouveaux produits chimiques. Les récits au coin du feu peuvent ainsi se transformer en anecdotes durables.

Dans l’exposition, de nombreuses œuvres d’art font référence à des allégories ou des contes populaires, où les vérités et les expériences quotidiennes sont détournées pour illustrer des idées ou des enseignements. Par exemple, le dessin intitulé « Passage » montre un individu et un mouton suspendus au-dessus de l’eau, sans qu’aucun des deux n’ait un avantage clair. La hiérarchie normale de la ferme est incertaine et la destination finale de leur voyage est ambiguë.

Ces personnages symbolisent le doute face aux systèmes de croyance prétendant offrir des solutions par la magie et la prière. Ils représentent la conviction que nous ne devons pas négliger les connaissances transmises par l’histoire. Ils sont un mélange de faits et de fiction, de logique et d’acceptation de l’inconnu. Le titre de l’exposition, « Magic Soil », fait référence à cette combinaison de vérités et d’imaginaire, cherchant à trouver un équilibre entre ce que nous savons et ce que nous pressentons.

Les agriculteurs représentés dans ces œuvres, qui sautent à travers les champs de moutons et offrent des fleurs aux esprits de la pluie, ne remettent pas en question leurs propres actions. Ils sont pleinement investis dans les rituels et leur capacité à aboutir à une abondance fertile. Pour eux, une danse, un jamboree ou une chanson invoquant une averse sont normaux et nécessaires, et peuvent être associés à des pratiques agricoles traditionnelles. Ils sont à l’aise dans ce monde mêlant demi-vérités, logiques et conseils provenant des sages, des scientifiques, de la famille, des amis, des mentors et des experts. Ils incarnent une quête rare d’équilibre entre connaissances factuelles et traditions orales.

Nous ne pouvons pas entièrement automatiser un environnement où la terre, les rivières, le ciel et les nuages agissent selon leurs propres règles. Dans cette exposition, les « agriculteurs » communient avec les animaux, les plantes, les arbres, les cours d’eau, le sol et le ciel.

Je ne suis pas un agriculteur, cette exposition est mon tribut nostalgique et interrogatif envers les traditions agricoles. Ma pratique artistique repose sur l’idée qu’une fiction pure et simple, même imparfaite et farfelue, peut contribuer à éclairer des réalités difficiles et déconcertantes.

Ce « fermier » fictif, c’est moi, un être naïf qui trébuche et un amoureux de la terre, qui souhaite croire en la coexistence possible du magicien et du scientifique.”
Ethan Murrow

Ethan Murrow, Seedling Palace, 2023, Graphite sur papier, 122 x 122 cm, Galerie Les filles du calvaire

À propos de la galerie

La galerie Les filles du calvaire, fondée en 1996 par Stéphane Magnan, dans le marais à Paris, est historiquement située au 17 rue des Filles-du-Calvaire. En 2023, la galerie ouvre un second espace
de 300m2 au 21 rue Chapon afin de développer ses activités. La galerie se consacre à la création contemporaine. Les artistes qu’elle représente viennent d’horizons multiples. Le programme est
ainsi riche du dialogue entre les engagements et les pratiques de chacun.

Informations pratiques

Galerie Les filles du calvaire
21 rue Chapon, 75003 Paris.

Du 12 octobre au 25 novembre 2023
Du mardi au samedi de 11h à 18h30