Field trip with Patrick Blanc in Guatemala, Pascal Héni

Patrick Blanc, celèbre botaniste et créateur du Mur Végétal, ne cessent de parcourir le monde. Ses périples botaniques sont filmés par son compagnon, Pascal Héni, et vous pouvez les suivre avec les vidéos que ce dernier a réalisées. Les trois dernières vous font découvrir la faune et les forêts du Guatemala et de Bélize.

Rentrés de ce superbe périple botanique en janvier dernier, Pascal Héni a réalisé ce premier film relatant leurs découvertes dans les zones d’altitude, entre 1000 et 3000 m.

Bien sûr, si l’on est un peu flemmard pour tout regarder durant une bonne heure, il faut “jumper” vers quelques séquences particulièrement étonnantes :

  • L’étrange Peperomia lancifolia qui ressemble tant au Begonia montis-elephantis du Cameroun (minute 11)
  • Cette folie florale rouge le long des tiges de Hoffmannia cauliflora (min. 14)
  • Il était vraiment étonnant même si peu spectaculaire, ce Syngonium steyermarkii (18)
  • Incroyable, la vision de cette Broméliacée (Pitcairnia heterophylla) qui perd toutes ses feuilles au moment de la floraison mais protège ses futures pousses par de féroces épines (20)
  • Cette Prêle géante, Equisetum myriochaetum, nous replonge dans les forêts du Carbonière (26)
  • Juste un Anthurium, parmi le millier d’espèces du genre mais il est bien costaud, cet Anthurium cf. parvispathum qui est peut-être une nouvelle espèce (33)
  • Un vrai piège pour un botaniste, ce Hauya heydeana qui est en fait proche des Fuchsia (36)
  • On adore toujours les espèces rhéophytes capables de supporter les crues subites des torrents, comme ce Cuphea utriculosa (39)
  • Ce petit piment doux de sous-bois, Capsicum lanceolatum, aurait disparu de tous ses sites originels pour cause de déforestation, en dehors de cette petite zone protégée (40)
  • Très étonnant de voir un Peperomia dans une cascade, d’autant plus que ce Peperomia pedicellata est proche d’espèces de milieux sub-désertiques (51)
  • Ah, ces passiflores-papillon… Plusieurs espèces présentent ces sublimes feuilles et celle-ci doit être Passiflora sexocellata (à moins que ce ne soit P. xiikzodz, qui signifie chauve-souris en langue Maya) (58)
  • Mon Dieu, quels fruits pour cet Attalea cohune… (1.05)

Le second film de Pascal Héni relate leur périple dans le Peten, cette moitié nord du Guatemala, située en basse altitude ; c’est là que les Mayas ont établi leurs plus prestigieuses cités dont la fameuse Tikal. Dans les forêts inondables en saison des pluies le long des fleuves, tout comme dans les forêts de « terre ferme » souvent remaniées par l’homme, les surprises botaniques abondent, même entre les ruines des temples.

Voici quelques-unes des séquences Emotions Botaniques :

  • Bien que l’ayant souvent vu en Amérique tropicale, je n’avais jamais remarqué, malgré son nom, l’ampleur des feuilles de Nymphaea ampla dont les bords festonnés et dressés évoquent un jeune Victoria ; à la minute 2.30
  • Impossible de se lasser de la beauté des dégoulinades de Tillandsia usneoides, parfaitement adapté au gradient climatique tempéré-équatorial, entre 40° de latitude sud et 40° de latitude nord ; 3.00
  • Enfin je découvre le Rhoeo (Tradescantia spathacea) dans son habitat après l’avoir tant invité sur mes murs végétaux et si souvent vu envahir d’autres zones tropicales ; ici, les populations sont constituées de nombreuses formes : à revers violet comme on le connaît bien mais aussi entièrement vertes, à feuilles larges ou étroites, maculées ou non d’argent au centre ; leur succès sur les reliefs karstiques est surtout dû aux fourmis qui dispersent leurs graines dans les anfractuosités des falaises ; 4.30
  • Ah les Chamaedorea ! un monde fascinant si diversifié en Amérique Centrale et l’on ne peut que s’y perdre si l’on n’est pas un spécialiste du genre ; 6.35
  • Peut-être le plus grand choc du voyage, la vision de ce Selenicereus testudo éclairé par le soleil matinal ; ces folles tiges serpentiformes parcourent en tous sens les branches par thigmotropisme puis se fixent par les racines adventives initiées sur la face adhérente de la tige; 11.10
  • Attention à ne pas manger les graines de Turbina dont les effets psychotropes pourraient poser problème, surtout en ces périodes de confinement… 12.35
  • On rêve d’être un colibri et de voir ainsi jaillir en lisière de rivière cette profusion de fleurs riches en nectar ; quand on est colibri, on s’en fiche que ce Psittachanthus rhynchanthus soit en fait un parasite d’arbre ; 13.20
  • Et une grosse salsepareille épineuse et tubérisée, Smilax spinosa !  15.00
  • Ouh là là, la progression dans les sous-bois est souvent difficile au milieu de ces palmiers couverts d’épines, Cryosophila stauracantha ; mais quand on voit que les épines sont en fait des innovations adaptatives des racines, on leur pardonne ; 16.00
  • Toujours beaucoup d’émotion face aux Peperomia dans tous leurs états depuis mes travaux de recherche avec Katia Andraos au début des années 80, au Laboratoire de Botanique Tropicale du Professeur Schnell à Paris ; 21.25
  • Quelle Igname, ce Dioscorea bartlettii ! Bien sûr, on pourrait la confondre avec le Smilax mais son étonnant tubercule émergeant du sol, avec ses excroissances en écailles de tortue, permet immédiatement de l’identifier ; cette espèce rappelle D. testudinaria des zones ouvertes d’Afrique du Sud mais D. bartlettii est inféodée aux forêts ; 24.25
  • C’est vrai que les Araceae n’explosent pas en nombre d’espèces dans ces forêts de basse altitude mais ce si élégant Philodendron radiatum est omniprésent tout comme cet Anthurium schlechtendalii dont les racines piègent les feuilles tombées des arbres, les transformant en terreau ; 27.35 et 31.50
  • Le dindon ocellé : quelle chance d’avoir vu ce groupe sortant de la forêt à la tombée de la nuit ; 30.25
  • L’obliquité des ruines Maya non encore restaurées, donc en sous-bois, sont l’habitat parfait pour ce Begonia sericoneura et son copain, le Rhoeo sous toutes ses formes ; j’aimerais le voir en saison sèche, ce bégonia alors que toutes ses feuilles ont dû disparaître et que seules persistent ses tiges dressées ; 32.20 et 36.2
  • Mais comment font-elles, les racines et les nouvelles tiges de Chamaedorea seifrizii pour se frayer un chemin alors que pas un seul millimètre libre ne subsiste ? 33.30
  • Pas d’épilogue face à Tillandsia juncea et T. usneoides sur les branches maitresses dénudées des arbres émergents des édifices de Tikal… 34.10
  • Et cette feuille extravagante de la passiflore chauve-souris, Passiflora xiikzodz, on en est fou ; elle est fréquente dans les zones bien ombrées au pied des ruines et dans toutes les forêts alentour ; on la distingue surtout de P. sexocellata, que l’on voyait dans le film sur les Highlands du Guatemala, par la position des glandes sur le pétiole : vers le sommet chez P. xiikzodz et vers la base chez P. sexocellata, comme on peut le voir sur les photos mises sur mon site à Inspiration – Leaf Colors and Structures Page 3 ; 39.40
  • Belle surprise finale, ce Dichorisandra à fleurs de porcelaine blanche, repéré par Pascal alors que j’observais toujours la Passiflore ; 42.05
  • Finalement, après tous ces beaux jeunes Messieurs distillés le long du film, ces Reines sont d’une beauté à couper le souffle ! 49.25
  • Et l’on se régalera en écoutant ces vers de Rimbaud mis en musique et chantés par Pascal Héni sur le générique de fin…

Après les deux films de Pascal Héni sur le Guatemala (zones montagneuses du sud puis le pays Maya en plaine dans le Peten), voici les zones quelques peu
montagneuses du Belize, qui reçoivent les pluies venant de l’océan Atlantique (mer des Caraïbes) grâce aux alizés. Mais on découvre toute une diversité de micro-climats et donc de végétation en raison des types d’expositions et des caractéristiques du sol. Et une belle ville Maya en pleine forêt. Une foule de surprises botaniques…