Lois Weinberger | Area external, 1996 | photographie | 100 x 70 cm | courtoisie Salle Principale

La galerie Salle Principale a le regret de vous annoncer la disparition de l’artiste Lois Weinberger survenue le mardi 21 avril 2020.

L’artiste Lois Weinberger occupait une position particulière sur la scène artistique : il opérait comme interface entre l’art et la nature, s’opposant au concept de beauté par de subtils moyens anarchiques. Il se considérait comme un chercheur de terrain. Dès les années 1970, en milieu rural, il crée des œuvres en utilisant les déchets de la civilisation. Par la suite, il s’intéresse à la végétation spontanée se développant sans l’intervention de l’homme. Fils de paysan et paysan lui-même, il mélangeait une pratique agriculturale, des connaissances biologiques, des réflexions écologiques, ainsi que des considérations sociologiques et économiques.

Né dans le Tyrol autrichien en 1947, Lois Weinberger était une figure reconnue dans le paysage artistique international. La liste des centaines d’expositions et œuvres dans l’espace public qui jalonnent son parcours fait état de sa présence aux grands événements prescripteurs du monde de l’art : les biennales de São Paolo (1991) et de Venise (2009), la documenta 10 et 14 de Kassel (1997) et (2017), Athènes (2017), des expositions collectives ou monographiques dans de nombreux centres d’art et musées prestigieux.

Les plantes rudérales – “Weeds” – étaient pour l’artiste l’une de ses principales sources d’inspiration et étaient à l’origine d’une multitude de notes, dessins, photographies, objets, textes, films et d’importantes installations dans l’espace public. Parmi celles-ci, “Wild cube” (1991-2018), une cage en acier, rendant toutes interventions humaines impossibles, mais délivrant à l’intérieur la prolifération d’une végétation spontanée, est une magistrale illustration de la puissance symbolique d’une nature libérée de l’homme. Dans le même temps Lois Weinberger, amorçait un travail de “déracinement” de plantes issues de contextes urbain et rural dans des parcelles qu’il entretenait. Issu de cette démarche, Weinberger introduit durant la Documenta X, des plantes néophytes issues de sud et sud-est de l’Europe sur 100 mètres de voie ferrée, métaphore des processus migratoires modernes, dont le caractère poétique et éminemment politique sera acclamé par la critique internationale. En 2004, il crée “Garden” œuvre composée de 2500 pots en PVC remplis de terre offerte au vent et aux oiseaux qui sèmeront naturellement les graines d’une “prairie” spontanée. L’installation interpelle le passant et incite une réflexion sur les analogies entre nature et culture, les manières d’envisager et d’habiter un espace urbain, la diversité et le regard porté sur ce qui est considéré comme étant étranger, que ce soit dans le règne végétal ou la société humaine.

Lois Weinberger est représenté par la galerie Salle Principale à Paris.