Touffe d'herbe, mauvaise herbe, au bord du Canal Saint-Martin, Paris 10e (75)

L’herbe que l’on qualifie trop souvent de mauvaise a inspiré nombre de dictons, de proverbes, de citations ou de poèmes. Morceaux choisis…

“Si l’herbe en janvier déjà pousse, Reste de l’année ne sera que mousse.”

“L’herbe est toujours plus verte ailleurs.”

“Année d’herbe, Jamais superbe.”

“Le champ du paresseux est plein de mauvaises herbes.”
“Il ne faut pas laisser croître l’herbe sur le chemin de l’amitié.”
“Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus.” (Ralph Waldo Emerson)
“Mauvaise herbe croit toujours.”
“La mauvaise herbe n’est jamais qu’une plante mal aimée.” (Ella Wheeler Wilcox)

“À chemin battu, ne croît point l’herbe.”

“Patience, avec le temps l’herbe devient du lait.”

“Il n’y a pas un brin d’herbe, il n’y a pas une couleur dans ce monde qui ne soit faite pour nous réjouir.” (John Calvin)

“Mangez sur l’herbe,
Dépêchez-vous.
Un jour ou l’autre,
L’herbe mangera sur vous.”
(Jacques Prévert)

Brin d’herbe

Est-ce un mot d’amour
Oublié
La petite herbe verte
Entre les pavés
De la cour

Quel jardinier de l’absence
Oeuvre en silence
Dans les dédales du jour

Seule sans amie
La petite herbe verte
Dans les vestiges de l’oubli
Tremble et s’ennuie

Personne pour cueillir
L’herbe folle
L’usine va mourir
Le souvenir s’envole

Demain
On fermera l’école

Est-ce un mot d’enfant
Oublié
La petite herbe verte
Entre les cahiers
du dernier écolier.
(Poème de Serge Féchet, extrait du recueil “les jardins oubliés”)

L’herbe est molle et profonde

L’herbe est molle et profonde
Sous les branches qui pendent,
Lourdes de fruits et de fleurs blanches ;
Lourde est la senteur enivrante,
Et douce est l’ombre. On s’y étend ;
Un sourd sommeil coule dans le sang.

Et les branches s’abaissent et se penchent,
Et vous caressent de longs frôlements,
Vous caressent et vous soulèvent
De la terre doucement ;
Et l’arbre vous prend dans ses bras puissants,
L’arbre joyeux et frémissant
Qui resplendit dans la lumière.

Il vous enlace et vous berce dans l’air,
Et l’on est lui, l’on est sa sève,
Sa force féconde, et l’on frémit
En ses naissantes fleurs, et ses fruits,
En ses milliers de feuilles légères ;
On respire en son souffle, on embaume la terre.

Et l’on s’éveille comme un fruit tombe,
Un fruit lourd et vermeil,
Dans l’herbe profonde,
A travers le soleil.
(Charles Van Lerberghe)

Toi, l’herbe

Toi, l’herbe
toi ligneuse, tête lourde de graines,
que le hasard a fait germer en pot sur un balcon,
je te merveille, je t’espérance

tu sauvage
tu
secrète
tu parles d’une grande terre semée de toi

sur elle je caresse ma figure civilisée,
mes livres verticaux,
l’espace tout entier : sa vieille histoire, sa fatigue.

Nous nous faisons une origine
dans l’odeur de ta sève.

Babel n’est pas encore construite
et nous non plus.

Ce sont les jours d’avant l’homme et la femme.

Tout est possible encore.
(Marie-Claire Bancquart, Dans les formes du monde in Violente vie)