Près de 200 citoyens franciliens impliqués dans le programme Vigie-Nature ont permis d’analyser l’état de la biodiversité et son évolution sur toute la région. Plantes, oiseaux et papillons ont été passés au crible depuis plus de 10 ans par ces naturalistes. Le constat est une diminution importante des espèces et de leurs effectifs en Île-de-France, en particulier là où l’Homme est le plus présent, dans les milieux cultivés et urbains.

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186 observateurs passionnés se mobilisent en Île-de-France. Bien sûr, ce nombre varie entre oiseaux, plantes et papillons. Sur la période 2002-2014, le suivi des oiseaux a mobilisé plus de 100 observateurs sur le territoire francilien. Les autres suivis, plus récents, ont mobilisé 31 observateurs pour les papillons et 40 observateurs pour la flore. En moyenne, 14% des participants à ces observatoires nationaux sont franciliens.
Au total, plus de 100 secteurs géographiques ont été suivis pour les oiseaux et la flore ainsi que 88 pour les papillons. Les sites suivis sont répartis sur tout le territoire avec un effort d’observation plus élevé en cœur d’agglomération. Dans chacun de ces secteurs, les observateurs ont multiplié leurs relevés d’observations, qu’il s’agisse de carrés d’observations pour la flore, de transects pour les papillons ou de points d’écoute pour les oiseaux.

Ces observatoires de sciences participatives ont permis d’acquérir des connaissances sur 791 plantes soit 50% de la flore régionale, 84 papillons de jour soit 62% de la diversité totale des papillons franciliens et 149 oiseaux nicheurs soit 84% de la diversité régionale.

Piéride sur bidens, papillon, photo Fotolia / Kelly MarkenLes espèces les plus communément rencontrées sont :

  • Le Ray-grass (Lolium perenne) que l’on retrouve dans la plupart des gazons urbains. Cette plante cumule 3% du total des observations Vigie-flore. Top 3 flore : Ray-grass, lierre grimpant et ronce commune
  • La Piéride de la Rave (Pieris rapae) cumule, quant à elle, 13% des observations franciliennes du STERF. Ce papillon tolère assez bien le milieu urbain, on l’y observe dans les jardins et les friches. Sa chenille se développe sur des plantes de la famille des Brassicacées comme le Colza, cultivé abondamment dans la région, mais aussi sur les choux, les moutardes… Top 3 papillons de jour : piéride de la Rave, argus bleu-nacré et myrtil
  • Le Pigeon ramier (Columba palumbus) cumule 9% des observations du STOC en Île-de-France. Cet oiseau se nourrit surtout dans les zones agricoles, parfois dans les parcs et les jardins. Il est de plus en plus fréquent dans les zones urbaines. Top 3 oiseaux : pigeon ramier, moineau domestique et pigeon biset.

À l’échelle régionale, l’abondance des oiseaux a diminué de 21% depuis 2002 (l’Île-de-France a perdu 1/5e de ses oiseaux en 13 ans) et la richesse en papillons de 8% depuis 2005, alors que la diversité en plantes est restée stable depuis 2009.

Les milieux agricoles
Alors que les milieux agricoles couvrent près de 50% de la surface régionale, la richesse en espèces y est faible pour les papillons et les plantes et en nette diminution . Respectivement, 6 et 5 espèces ont été observées par relevés en moyenne. Elle a diminué de 20% pour les plantes et de 18% pour les papillons.

Les milieux urbains
Les milieux urbains couvrent 21% du territoire. Les observatoires de sciences participatives distinguent la biodiversité observée dans les parcs et jardins (les espaces verts privés et publics) et dans les interstices urbains (les bords de routes, de voies ferrées et les zones bâties).

Les espaces verts urbains abritent une diversité en plantes deux fois supérieure à la moyenne régionale avec 14 espèces en moyenne par relevé, mais également faible en papillons avec seulement 4 espèces observées en moyenne par relevé. La diversité en oiseaux est, quant à elle, équivalente à la richesse moyenne d’un relevé francilien, soit 13 espèces par relevé. L’évolution au cours du temps de cette diversité est stable pour les plantes mais en déclin pour les oiseaux et les papillons. L’abondance en papillons et en oiseaux a chuté de plus de 20% sur la période étudiée.

Assez logiquement, la richesse observée dans les interstices urbains est faible pour les trois groupes (5 espèces par relevé pour les papillons et les plantes et 11 espèces par relevé pour les oiseaux) mais est en très forte augmentation pour les plantes. Le nombre de plantes dans les interstices urbains a augmenté de plus de 90% en l’espace de 7 ans seulement. L’évolution de la richesse en oiseaux et en papillons est stable.

Les milieux forestiers
Le milieu forestier couvre 23% du territoire et les forêts de production sont composées de feuillus à 94 %. Les analyses ont donc porté sur ce type de boisement dit caducifolié. Ces forêts abritent une biodiversité importante et moins touchée que les milieux précédents. Les richesses en espèces de plantes et d’oiseaux sont supérieures aux moyennes régionales avec respectivement 10 et 14 espèces observées en moyenne par relevé. La richesse en papillons est légèrement inférieure à la moyenne régionale avec 7 espèces observées. La tendance est stable pour la richesse observée en papillons et semble en augmentation pour l’abondance des plantes (+12%). Seuls les oiseaux sont en déclin dans les milieux forestiers franciliens, avec une baisse de leurs effectifs de 17% en 11 ans.