Natureparif vient de publier un état des pratiques des collectivités franciliennes en matière d’utilisation des produits phytosanitaires.

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Cet état des pratiques est fourni avec la cartographie de l’objectif “zéro pesticide” développé depuis 2011 par l’Agence régionale de la nature et de la biodiversité en Île-de-France, Natureparif. L’objectif est de valoriser les communes, les intercommunalités et les départements qui se sont engagées dans une démarche d’arrêt total ou partiel de l’usage des pesticides sur les espaces dont ils ont la responsabilité directe ou indirecte.

Au 1er mars 2014, sur les 1281 collectivités que compte l’Ile-de-France, seules 9,5% d’entre elles, soit 122 communes, n’utilisent plus de pesticides sur le territoire dont elles ont la gestion. Pour Liliane Pays, présidente de Natureparif, “ce chiffre reste très faible et préoccupant alors même que la réglementation française rend quasiment impossible l’usage des produits phytosanitaires sur la voie publique”. La règlementation actuelle contraint en effet déjà fortement l’utilisation des pesticides en zones non agricoles (arrêté du 12 septembre 2006 et arrêté du 27 juin 2011) en interdisant l’usage de la plupart de ces produits dangereux à proximité des établissements scolaires ou de santé et en obligeant à des mesures drastiques d’information et d’éviction du public des zones traitées.

À titre d’exemple, rien que sur les cimetières et la voirie, plus de la moitié des collectivités franciliennes utilisent encore des produits chimiques. Or, une voirie traitée au désherbant génère une pollution de l’eau immédiate par ruissellement dès la première pluie. De plus, ces produits très volatiles contaminent aussi l’air des villes. Enfin, l’impact sanitaire est avéré pour les agents et les usagers exposés à ces produits. C’est même le premier risque professionnel, recensé par la MNT dans une étude réalisée en 2012, devant les troubles musculo-squelettiques. Les conséquences sont non seulement sanitaires mais aussi économiques puisque le coût de la dépollution de l’eau potable pour en supprimer les résidus de pesticides est estimé jusqu’à 360 millions d’euros par an en France (source CGDD).

Liliane Pays souligne que “nous sommes donc en présence d’un double enjeu majeur, en terme de santé publique et de protection de l’environnement comme l’ont montrées les récentes publications de l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité.”

Les différentes listes rouges et états de santé de la biodiversité francilienne publiés par Natureparif depuis 2010 alertent sur le rôle important joué par les pesticides – avec la disparition des habitats naturels et leur fragmentation – dans la dégradation de la nature et la disparition quasi définitive de certaines espèces animales et végétales.

Les collectivités peuvent bénéficier de soutiens financiers et techniques spécifiques pour modifier leurs pratiques. Et certaines subventions régionales sont désormais éco-conditionnées à l’objectif zéro pesticide. Ces collectivités engagées dans le changement de pratiques peuvent s’appuyer sur le CNFPT qui soutient les pratiques zérophyto en garantissant une offre de formation harmonisée sur  le  territoire  français, bâtie à partir des retours d’expériences de collectivités engagées de longue date, proposée en contrepartie de la cotisation annuelle des collectivités, embarquant des pédagogies actives développées par ses partenaires, telles que la cartographie participative de la flore spontanée des parcs et rues.