Natureparif, l’agence pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, édite deux études qui dressent un panorama précis de l’état de santé de la biodiversité francilienne.

Quel est l’état de santé des milieux franciliens et des espèces qui les peuplent ? Quels sont les enjeux de préservation de cette biodiversité ? Comment les politiques publiques ont-elles influé sur cette préservation ? Sommes-nous amenés à faire évoluer les stratégies de sanctuarisation des espèces et des espaces vers un modèle conciliant bon développement du vivant et activités humaines ? Autant de questions abordées par ces deux études et qui permettent de réfléchir sur les enjeux de préservation de la biodiversité au niveau régional.

Premier diagnostic de la biodiversité en Île-de-France
Premier diagnostic de la biodiversité en Île-de-France (déc. 2013)

Véritable photographie de l’état de santé de la faune, de la flore et des écosystèmes franciliens, ce diagnostic dresse un état des lieux complet des différents milieux (humides, forestiers, ouverts, urbains) et des enjeux qui y sont associés.
Le cœur d’agglomération, qui regroupe Paris et sa petite couronne, fait l’objet d’un traitement à part. Ce territoire prend en compte de manière croissante les enjeux de protection de la biodiversité. La gestion plus écologique des espaces verts, l’arrêt de l’emploi des pesticides, l’acceptation des herbes spontanées, sont autant de facteurs qui permettent le retour des insectes ou des oiseaux.
Les pressions sur l’environnement perdurent dans les départements de la grande couronne, où l’activité agricole demeure extrêmement intensive. Avec la disparition des haies et des jachères, beaucoup d’animaux, n’y trouvant plus leur place, ont progressivement disparu du paysage. Le déclin de l’élevage a contribué à l’uniformisation des paysages. Dans ces milieux, la moitié de la faune et de la flore évaluée est disparue ou menacée, alors que cette proportion n’est “que” de 25 % si l’on tient compte de tous les milieux.
Côté zones humides, le principal problème est la maitrise presque totale des rivières. Berges rehaussées, cours rectifié, les rivières sont prisonnières de leur lit, et n’alimentent plus les prairies humides et les forêts alluviales lors des périodes de hautes eaux. Et ce au détriment des nombreuses espèces spécialistes de ces endroits, mais également des services naturels d’épuration et d’écrêtement des crues.
Les forêts demeurent le milieu le plus “naturel” d’Île-de-France, et la gestion forestière tient de plus en plus compte de la protection de la biodiversité, tout en demeurant productive. L’enjeu essentiel en forêt tient maintenant dans la réduction de la fragmentation. La forêt de Fontainebleau, joyau de la biodiversité francilienne, est segmentée par les autoroutes et les nationales, empêchant la faune de circuler. Voici un défi de taille à relever : rendre la forêt aux animaux et aux promeneurs, et en faire sortir progressivement les véhicules.
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État de santé de la biodiversité 2012-2013
État de santé de la biodiversité 2012-2013 (janv. 2014)
Après avoir produit des éléments sur l’état général du vivant (2010), puis sur sa capacité de résilience (2011), cette étude s’intéresse à la nature et à l’efficacité des initiatives prises pour la protéger. Elle propose un décriptage poussé des premières mesures mises en place en France et en Île-de-France, comme la Loi relative à la protection de la nature de 1976 et ses effets positifs bien que tardifs sur l’évolution des populations de rapaces et de grands échassiers. Ou encore la protection des espaces, notamment par la création des Réserves naturelles, de ZNIEFFs ou d’Arrêtés préfectoraux. Des milieux à l’abandon, désormais hors de tout contexte productif, tels que les roselières ou les coteaux calcaires se voient alors conservés au prix d’importants efforts financiers. Ces mesures, toujours en vigueur et par ailleurs indispensables, dissocient souvent l’homme de son environnement et envisagent une protection radicale de portions de vivant, au sein desquelles les activités humaines sont strictement exclues. En Île-de-France, l’ensemble du territoire résulte des activités humaines et il ne subsiste pas de milieu ayant toujours évolué librement. Dans un tel contexte, les politiques doivent évoluer vers une vision plus intégrative : la vie sauvage, à savoir ni domestiquée, ni exploitée, peut être compatible avec les activités humaines si et seulement si celles-ci la considèrent comme un élément indispensable de leur stratégie et lui laissent la part qu’elle mérite. Comme c’est le cas par exemple des Zones naturelles à haute valeur naturelle (HNV), classification à même d’identifier les zones exploitées par ailleurs favorables au vivant sauvage.
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