Samuel Rousseau - L’Arbre et son ombre (3), 2013 ©Samuel Rousseau / courtesy Claire Gastaud
La ville de Neuilly-sur-Seine présente au Théâtre des Sablons à partir du 22 mars et jusqu’au 30 juin 2013 « L’Arbre qui ne meurt jamais ». L’exposition réunit une quarantaine d’artistes internationaux et une cinquantaine d’œuvres dont quatre productions autour de la question de la représentation de l’arbre dans la création contemporaine. Les visiteurs pourront appréhender au fil du parcours la diversité de représentations et de points de vue de ce thème universel qui a traversé toutes les formes d’expression et toutes les sources de réflexion.
Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) compte 1 arbre pour 4,5 habitants : un record pour une ville de cette taille ! C’est à partir de cette force qui constitue son ADN que la Ville a choisi la thématique de l’arbre pour cette première exposition présentée dans son nouvel équipement culturel, le Théâtre des Sablons.
Protéiforme, l’arbre peut être à la fois source d’inspiration pour les artistes, miroir ou double végétal, compagnon, refuge mais aussi force difficile à domestiquer.
L’arbre, symbole de la vie, symbole de la verticalité, unit le monde souterrain par ses racines, au monde terrestre par son tronc et au monde céleste par ses branches. Il rassemble ainsi les quatre éléments naturels (eau, air, terre, feu).
L’arbre, symbole de l’immortalité, traduit le caractère cyclique de l’évolution cosmique par la mort et la renaissance de ses feuilles. Il est aussi le symbole de l’éternité.
Outre ces différentes symboliques, l’arbre a toujours été le compagnon de l’homme et continue à habiter son imaginaire; les désignations ne manquent pas : l’arbre du paradis, l’arbre de vie, l’arbre du monde, l’arbre sacré, l’arbre généalogique, l’arbre de la connaissance. L’arbre nourricier. L’arbre nourrit l’homme, lui fournit le bois pour différents usages, lui fournit l’ombre, protège le sol contre l’érosion, adoucit le climat… Seulement, l’homme ne cesse de détruire, pour s’enrichir et pour se développer. L’arbre se trouve en première ligne de cette destruction irréfléchie. A l’heure de la déforestation massive et du déracinement dans une grande partie du monde, l’arbre fait preuve de résilience.
Dans de nombreuses villes, l’homme a malmené l’arbre, l’a confiné, voire supprimé du paysage urbain. Aujourd’hui l’arbre reprend sa place, redevient le poumon vert incontournable et entretient une relation sensible et poétique avec l’homme et la ville. Quelles que soient les transformations urbaines, l’arbre ne disparaît jamais véritablement, il fait preuve de résilience au même titre que la permanence de son image et de sa place dans le champ artistique.
L’exposition « L’Arbre qui ne meurt jamais » se nourrit de cette idée de résilience, et porte sur la permanence de la représentation artistique de l’arbre, et du renouvellement de ces formes dans la création actuelle. Son titre emprunte à l’arbre indien Moringa oleifera, originaire de l’Inde, sa terminologie botanique tropicale – il possède des qualités nutritionnelles exceptionnelles qui lui donnent son immortalité, et s’appuie sur sa définition pour imaginer un concept autour du phénomène de résilience propre à cet élément.
Un parcours dense guidé par les sens
Innovante, ludique et généreuse, l’exposition tend à montrer que l’Arbre, en tant qu’objet a constitué un répertoire de formes extraordinaires, et une sorte d’abécédaire mythologique, de signes, de symboles et de récits pour l’art contemporain. À travers un parcours onirique et mystérieux et des médiums aussi divers que la peinture, la gravure, la sculpture, la photographie ou la vidéo, les installations, le public découvre les liens multiples qui unissent l’art contemporain et l’arbre.
La représentation de l’arbre est multiple et singulière. Il est au cœur des mythes, des religions. Il est signe et symbole, et peut prendre de nouvelles formes en permanence. Son caractère intemporel et universel n’a pas échappé aux regards des artistes, de toutes les époques.
Au XXe siècle, il a suscité l’intérêt de la plupart des courants artistiques dès le milieu des années 1950, comme le Nouveau Réalisme, l’Abstraction lyrique. La révolution du « ready-made » usa et abusa de l’élément et revisita les mythes et allégories liés à l’arbre. L’art concret, le Land Art exploreront puissamment ce thème. Depuis les années 1990 jusqu’à nos jours, le regard que portent les artistes sur l’arbre ne cesse de se renouveler, de réinventer la représentation de ce sujet. D’abord objet in situ dans le jardin qui l’enclot, puis objet d’art visuel, il exprime aussi les fluctuations les plus subtiles de nos rapports à la nature.

L’exposition se présente au visiteur comme une expérience qui modifiera sans doute son regard sur l’environnement qui l’entoure. Il pénètre dans une forêt merveilleuse, constituée d’essences inconnues, puis dans des espaces mystérieux et oniriques. Trois œuvres incarnent les trois sections :
  • David Nash, la naissance d’un paysage,
  • Susumu Shingu, la vision onirique et sublime de la nature à travers l’arbre,
  • Erik Samakh, la renaissance d’une parcelle de forêt qui repousse en direct, image du Grand paysage en streaming.
Ces trois œuvres expriment la diversité des points de vue de la représentation de l’arbre dans l’art contemporain, font appel à des matériaux naturels et de très haute technologie. Elles mettent aussi en avant le réel ou l’artificiel, le vivant et le non vivant. Placées en position dominante dans l’espace, chacune d’elles communiquent avec les différentes zones d’expériences de l’exposition et lient les œuvres entre elles. L’exposition s’articule en trois temps à l’image du cycle de la vie, partageant ainsi l’espace en trois axes successifs :

  • Le premier, Arborum, sous l’idée de la naissance d’un paysage, tend à illustrer la création d’un paysage réel, artificiel, onirique et imaginaire à partir du sujet et de l’objet-image «arbre» et ceci à travers des pratiques artistiques diverses qui mettront en avant la couleur, les matériaux, les formes et les notions d’espace et de temps. Le bois a accompagné de tous temps les créations artistiques de l’homme. Sans être totalement dénuées de liens spirituels, sacrés ou de préoccupations environnementales, les œuvres présentées dans cette section montrent l’arbre dans toutes les formes d’expression et ceci à travers des pratiques artistiques diverses (photographie, sculpture, installation, peinture, gravure) qui mettent en avant la couleur (Roxane Borujerdi, Ronan Barrot), les matériaux (Roland Cognet, Toni Grand), les formes (Martial Raysse, Pierre Aleschinky, Jean-Claude Ruggirello) et les notions d’espace et de temps (Katinka Bock, Muriel Moreau, Cécile Beau).
  • Metamorphosis ou « L’Homme-Arbre » tente d’établir une sorte de parallèle entre la vie de l’arbre et la vie de l’homme . En soulignant les dimensions multiples de l’arbre, cette section souhaite reconstituer des micro espace-temps avec des œuvres aux mythologies individuelles ou collectives. Des espaces-temps entre mythes, symboles et signes liant la nature et l’homme font place à la mémoire, et où l’homme et la nature ne font qu’un à travers la figure de l’arbre. L’arbre, symbole de la vie, symbole de la verticalité, unit le monde souterrain par ses racines, au monde terrestre par son tronc et au monde céleste par ses branches. Il rassemble ainsi les quatre éléments naturels (eau, air, terre, feu). Outre ces différentes symboliques, l’arbre a toujours été le compagnon de l’homme et continue à habiter son imaginaire; les désignations ne manquent pas: l’arbre du paradis, l’arbre de vie, l’arbre du monde, l’arbre sacré, l’arbre généalogique, l’arbre de la connaissance, l’arbre nourricier. Ainsi dans ces allusions symboliques, l’homme et la nature ne font qu’un à travers la figure de l’arbre. De nombreuses représentations organiques qui illustrent l’histoire symbolique de l’arbre envahissent la scène artistique internationale, de la photographie plasticienne (Bae Bien-U), au graphisme (Javier Perez,Cathryn Boch), à la peinture (Barthélemy Toguo, Florence Reymond), à la sculpture (Jaume Plensa, Giuseppe Penone).
  • Enfin, Résilience ouvre une porte sur les relations privilégiées entretenues entre l’homme, la nature et l’urbanité, parfois harmonieuses, souvent conflictuelles. Disparition et renaissance viennent ponctuer le parcours de cette exposition. Plusieurs œuvres évoquent les préoccupations autour de l’arbre en général et dans le paysage urbain, les mutations en cours, celles des villes, celles de la nature, celles de l’homme et son regard sur la nature.
    Les arts numériques renouvellent magistralement la relation de l’homme à l’univers végétal. Eric Samakh nous plonge dans le « Grand paysage », au cœur du vivant et nous permet de vivre aux rythmes biologiques de la nature. Les artistes ici célèbrent le renouvellement permanent de la nature, la force et la fragilité des arbres et l’éternel retour de la végétation, notamment face aux actions parfois dévastatrices de l’homme (Christo, Brigitte Olivier). Certains réexaminent la vanité de l’homme à l’image de la fragilité végétale (Marie Amar).
    Avec ses souches brûlées, Pascal Convert crée un parallèle entre les souffrances vécues par les hommes sur les plaines de Verdun et la destruction des forêts vosgiennes pendant la 1e guerre mondiale. Cependant les souches demeurent au contraire des hommes. La souche est un objet de croissance repliée trait sur trait. Ces traits sont des lignages, racontent des lignées. C’est une base d’évolution futures, une condition vitale de possibilités encore inconnues.
    Les artistes étudient aussi les relations entretenues entre l’homme et la place de l’arbre dans notre monde, pour construire le futur (Geert Goiris). Action absurde, douloureuse, obstinée : communion avec la nature, ordre du cycle naturel, sculpture brute, performance aux limites, obsession productiviste, métaphore écologique, on retrouve les penchants de Virginie Yassef et Julien Prévieux dans leur vidéo, L’Arbre.
    D’autres réalisations artistiques interrogent la place de l’arbre en milieu urbain. Les cabanes de Tadashi Kawamata portent une réflexion sur l’espace architectural, urbain ou encore paysagé en tant que produit et contexte social. Une étude attentive des relations humaines qui l’ont défini, ainsi que des modes de vie qui en découlent. Dans cet état d’esprit, Piero Gilardi conçoit des “tapis-nature”, propositions originales et profondément écologistes, imaginant dès 1964 que le paysage du futur serait différent des images fournies à l’époque par la science-fiction. Les paysages désertiques et énigmatiques de Geert Goiris ou iconisés de Jorge Mayet participent à cette vision qui prédit une profonde adaptation de l’homme à un nouvel environnement. Geert Goiris aborde l’image en plasticien plus qu’en reporter. Il élabore une réflexion à la fois intellectuelle et sensible sur les confins qui l’ont notamment emmené au Chili, en Mongolie ou au Spitzberg. Tandis que Samuel Rousseau offre une poétique allégorie du végétal comme constitutif du futur de l’être humain mi-naturel mi-artificiel.
Le parcours est complété d’œuvres sur le parvis du théâtre, en plein air.
L’installation spectaculaire de Dimitri Xénakis (plasticien paysagiste) et Maro Avrabou (concepteur lumière) “Les anges gardiens” sur le parvis des Sablons fait échos à la préservation du jardin, du végétal et par extension de la nature. Elle met en avant le rôle de l’humain et est une manière détournée aussi de rendre hommage aux jardiniers, et à cette nature créée artificiellement. Installée dans les bosquets de magnolias, l’œuvre rappelle que la croissance des plantes et des arbres n’est possible que par l’apport de trois des éléments naturels : la lumière (soleil), l’eau et la terre. Cette proposition apparaît comme un condensé de la vie, à travers le prisme d’éléments sculpturaux et d’accessoires ludiques mais représentatifs de notre mode d’appréhension et de relation avec la nature.
L’oeuvre monumentale de Magdalena Abakanowicz “Manus Ultimus” accueille également le public dès le parvis du Théâtre. Ce bronze réalisé selon une technique de moulage développée avec la fonderie Ventura en Italie et composé d’un seul bloc massif appartient à la série des Hand-Like Trees, constituée de troncs d’arbres ayant la forme d’un bras et d’une main. Ce tronc-corps, symbole de vie et de connaissance, sans branches, ni feuilles, sans bras, ni tête, crie son angoisse de l’anonymat, face au pouvoir de la foule. La brutalité du matériau et la puissance formelle de ce tronc répondent à la fragilité de l’existence humaine et de son environnement.
41 artistes
52 œuvres des années 1950 à aujourd’hui.
4 productions : Cécile Béau, Samuel Rousseau, Dimitri Xenakis, Eric Samakh.
Informations pratiques
“L’Arbre qui ne meurt jamais”, du 22 mars au 30 juin 2013
Espace d’expositions temporaires du Théâtre des Sablons
  • ouvert du mardi au dimanche de 13h à 19h (fermeture hebdomadaire les lundis),
  • fermeture exceptionnelle le mardi 1er mai, le mercredi 8 mai et le jeudi 9 mai.
Tarifs
  • plein tarif : 8 euros,
  • tarif réduit : 5 euros (étudiants, demandeurs d’emplois, groupes et comités d’entreprises, plus de 65 ans),
  • accès gratuit : pour les moins de 12 ans, les membres de l’ICOM, Maison des artistes, journalistes sur présentation d’une carte de presse.
62-70, avenue du Roule, 92200 Neuilly-sur-Seine.
Tél. : 01 55 62 60 35 (Billetterie de 13h à 19h).
Accès
Métro : ligne 1, station Sablons.
Bus : lignes 43, 82 et 174.
Parking Parmentier (entrée au niveau du 43 bis, avenue du Roule).