L'Arbre des voyelles de Giuseppe Penone dans le jardin des Tuileries (Paris 1er)

L’Arbre des voyelles est une énorme sculpture en bronze issu du moulage d’un chêne de 28 mètres déraciné dans la région de Turin réalisée par Giuseppe Penone assisté de Pascal Cribier, architecte paysagiste. Cette oeuvre monumentale est installée dans le jardin des Tuileries depuis l’an 2000.

L'Arbre des voyelles de Giuseppe Penone dans le jardin des Tuileries (Paris 1er)

D’un arbre mort, Penone fait une oeuvre vivante, un devenir : cinq arbrisseaux repartent des branches à leur point de contact avec le sol.

L'Arbre des voyelles de Giuseppe Penone dans le jardin des Tuileries (Paris 1er)

Giuseppe Penone est le dernier arrivé au sein de l’Arte Povera où il mène une trajectoire singulière. Son œuvre de sculpteur se distingue par son ancrage au sein de la terre de Ligurie et de son village de Garessio, lieu riche d’eau et de grottes, des traces d’une préhistoire toujours présente à l’horizon de l’artiste. Fils d’agriculteurs, le rythme des saisons et les travaux des champs, les odeurs, les formes et les couleurs des récoltes entassées dans les granges familiales ont aussi fortement marqué sa sensibilité.

L’œuvre de Penone se caractérise par son interrogation sur l’homme et la nature, et par la beauté, de plus en plus affirmée, de ses formes et de ses matériaux. Sa sculpture, en prise avec des questions qui la débordent, comme celles du temps, de l’être, du devenir, évoque la dimension kantienne de l’infini et du sublime comme beauté en mouvement et tentative de cerner l’incernable. Mettant l’accent autant sur le processus créateur que sur l’œuvre, le sculpteur s’identifie au fleuve, au souffle, à ce qui est par essence mouvement et vie. Révélant le mouvement incessant au cœur du cycle naturel qui, avec le temps, altère les êtres et les choses, Penone semble faire sien le célèbre adage héraclitien: “panta rei”. Tout s’écoule, rien ne reste tel.

Bon à savoir :
Les acteurs de Arte Povera, refusant de se prêter au jeu de l’assignation d’une identité, c’est-à-dire de se laisser enfermer dans une définition, rejettent la qualification de mouvement, pour lui préférer celle d’attitude. Être un artiste Arte Povera, c’est adopter un comportement qui consiste à défier l’industrie culturelle et plus largement la société de consommation, selon une stratégie pensée sur le modèle de la guérilla. Dans ce sens, Arte Povera est une attitude socialement engagée sur le mode révolutionnaire. Ce refus de l’identification et cette position politique se manifestent par une activité artistique qui privilégie elle aussi le processus, autrement dit le geste créateur au détriment de l’objet fini. En somme, en condamnant aussi bien l’identité que l’objet, Arte Povera prétend résister à toute tentative d’appropriation. C’est un art qui se veut foncièrement nomade, proprement insaisissable.