Pendant une année, le photographe Jacques Vekemans a suivi le travail de taxidermie de Jack Thiney, dans son atelier, au Muséum. Exposées en plein air dans le Jardin des Plantes, les 20 photographies sélectionnées restituent ce savoir-faire très spécifique qui redonne une apparence de vie animale aux spécimens que le Muséum expose, notamment dans la Grande Galerie de l’Évolution.

Taxidermie, dans les coulisses du Muséum

Plusieurs générations de grands taxidermistes ont œuvré à l’extraordinaire mise en valeur des collections du Muséum national d’Histoire naturelle. Savoir-faire unique alliant approche artistique et connaissances anatomiques précises, la taxidermie (du grec taxis : préparer, et derma : peau) remonte aux environs de 1750, lors du règne de Louis XV. Les techniciens du Muséum ont pu, dès lors, s’attaquer à la naturalisation des grands mammifères. Les plus anciens spécimens sont conservés dans les réserves du Muséum : une caille chassée par le roi en personne et Jocco, le chimpanzé de Buffon, intendant du Jardin du Roi. Aujourd’hui, les taxidermistes n’utilisent plus les squelettes et sculptent les mannequins dans du polystyrène et de la mousse de polyuréthane. Après avoir été au service des scientifiques, la taxidermie est maintenant le partenaire indispensable des expositions d’histoire naturelle…

Une exposition de photos à la rencontre de l’art et de la science
Pendant une année, le photographe Jacques Vekemans a suivi le travail de taxidermie de Jack Thiney, dans son atelier, au Muséum. Exposées en plein air dans le Jardin des Plantes, les 20 photographies sélectionnées restituent ce savoir-faire très spécifique qui redonne, par mille gestes savants et précis, une apparence de vie animale aux spécimens que le Muséum expose, notamment dans la Grande Galerie de l’Évolution.
« Cette expérience merveilleuse fut l’occasion de prendre conscience de la singularité du Muséum qui rassemble en son sein une communauté de passionnés aux talents et qualifications uniques. » explique Jacques Vekemans.

Une série d’images retrace ainsi les différentes étapes du travail sur un mouflon à manchettes : de la dépouille à la maquette miniature, de la maquette à la création d’un volume, de ce volume à une ébauche, d’une ébauche à une sculpture, d’une sculpture à son costume, le spécimen après une séance de maquillage finira par retrouver l’aspect de la vie. Des photographies de spécimens, témoignant des nombreuses réalisations de l’atelier de taxidermie complètent cette approche artistique d’un métier essentiel à la conservation et à la présentation de la diversité de la vie.

Renouant avec une longue tradition artistique, cette exposition de photographies marque le coup d’envoi d’une série consacrée aux métiers et coulisses du Muséum. L’occasion de poser un regard insolite sur un savoir-faire unique et de découvrir la face cachée de cette prestigieuse institution qu’est le Muséum.

Entré au Muséum national d’Histoire naturelle à l’âge de 17 ans, Jack Thiney a consacré sa vie à redonner vie aux animaux. Il s’implique aussi dans la restauration des speécimens anciens. Successivement au laboratoire des mammifeères et oiseaux (1967/1990), à l’atelier de restauration de la Grande Galerie de Zoologie (1990/1994), puis au laboratoire de taxidermie de cette même galerie devenue « Grande Galerie de l’Évolution » (1994/2010), Jack Thiney s’est spécialisé au cours des années dans la naturalisation de grands spécimens (éléphants, girafes,…). À la retraite depuis fin 2010, après 43 ans de maison, Jack Thiney se consacre aujourd’hui à l’enseignement. Il donne régulièrement des cours de sculpture (école des Beaux-Arts de Versailles, Muséum, etc.).

Photographe d’origine belge, Jacques Vekemans vit et travaille aà Paris depuis une quinzaine d’années. Dès l’âge de douze ans, il se passionne pour la photographie. Après des études de sociologie et d’économie, il travaille comme chercheur et séjourne aux Etats Unis avant de débuter son travail de photographe à Paris. Très vite, il multiplie les collaborations et les reportages sur les savoir-faire dans le domaine du luxe et de l’industrie. Il s’intéresse particulièrement aux métiers, à l’organisation, à la gestuelle et à la transmission. De grandes marques font appel à lui. En parallèle, il travaille depuis une dizaine d’années sur l’économie solidaire et les systèmes de santé publique. Son dernier travail, réalisé en Inde sur la plus grande structure de soins ophtalmologiques au monde, sera publié au printemps dans le magazine 6MOIS.

« L’inventivité et l’adaptation, le souci du détail, un sens artistique clair et instruit représentent autant de qualités qui rapprochent la taxidermie des activités pratiquées dans les meilleurs ateliers de conception d’objets sur mesure dans les métiers du luxe. » (Jacques Vekemans)

En pratique :
Accès par le 57 rue Cuvier, le 2 rue Buffon, le 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire ou par la place Valhubert, Paris Ve.
Métro : lignes 7 et 10, station Jussieu; lignes 5 et 10, station Austerlitz; ligne 7, station Place Monge ou Censier-Daubenton.
Accès libre, aux horaires d’ouverture du Jardin des Plantes.