Le printemps est la période de floraison de la quasi-totalité des orchidées sauvages de France et c’est le moment de rappeler quelques gestes et précautions qui peuvent aider à la protection de ces plantes souvent rares et dont de trop nombreuses espèces sont soit menacées soit même en danger de disparition, comme le montrent l’inventaire national terminé récemment et la liste rouge établie en 2010 (Communiqué de la SHNF).

Le saviez-vous ?
La France Métropolitaine compte quelques 150 espèces d’orchidées, souvent négligées car cette vaste famille est surtout connue du grand public pour ses fleurs, souvent magnifiques, originaires des tropiques… et pourtant les orchidées de nos campagnes méritent le détour !
Or bien des dangers les menacent. Comme beaucoup d’autres plantes, la raréfaction des insectes pollinisateurs due à l’emploi intensif des pesticides en réduit la fécondité, et donc la production de graines. Les mesures qui commencent à se mettre en place pour protéger les insectes pollinisateurs sont vraiment les bienvenues, d’autant plus que nombre d’orchidées font appel à des insectes très spécifiques et relativement peu abondants. Dans ce domaine c’est l’action au niveau national, à la suite du “Grenelle de l’Environnement”, qui pourrait apporter une amélioration. Mais chacun d’entre nous peut participer activement à la protection de nos orchidées indigènes. En effet, des menaces proviennent en particulier de cueillettes intensives, de transplantations vouées à l’échec, de destructions de l’habitat et de l’embroussaillement des zones favorables aux orchidées sauvages.En ce qui concerne la cueillette,
Il faut que chacun se discipline et évite absolument de prélever des plantes qui ne se conserveront que mal en vase tout en empêchant les plantes de se reproduire, et parfois même de refleurir l’année suivante ! Ceci est particulièrement vrai des plus belles, en particulier des Oprhys et bien sûr de notre splendide “sabot de Vénus” (Cypripedium calceolus) !
En particulier il faut éviter à tout prix de prélever des pieds pour les transplanter dans son jardin, une telle pratique est, en effet, vouée à l’échec en raison de la spécificité des conditions demandées par ces plantes et, surtout, de leur association étroite avec des champignons, et au travers de ceux-ci, avec d’autres plantes, en particulier des arbres. Rompre ce fragile équilibre condamne à coup sûr la plante !
Voila donc là deux gestes à éviter, mais notre attitude peut devenir positive non seulement en attirant l’attention d’autrui sur la protection mais aussi en agissant pour éviter les fauchages hâtifs des bords de routes. Les orchidées sont abondantes sur les bas-côtés et, à cause de leur développement rapide, il suffit de retarder les fauchages parfois de quelques semaines seulement pour qu’elles aient le temps d’accomplir leur cycle végétatif, leur permettant ainsi de se reproduire et de proliférer. Le dire aux autorités locales, pas toujours au courant de leurs richesses botaniques, est un acte important de protection. Des exemples d’une telle bonne volonté ont porté des fruits dans différentes localités, en particulier en Dordogne.
Les orchidées se plaisent, généralement sur des sols calcaires relativement secs et bien exposés, mais aussi au niveau de zones humides. Ce sont des hôtes fréquents des friches, pelouses et prairies naturelles non amendées et la disparition de celles-ci leur porte un coup sévère, mais le risque ne se limite pas à cela ! En effet les friches ont tendance, peu à peu, à se recouvrir de buissons qui vont gagner du terrain en étouffant la végétation qui les avait précédés. Il y a donc un grand intérêt à procéder à un débroussaillage régulier de ces pentes ensoleillées lorsque le cycle végétatif de nos orchidées est achevé, par exemple à l’automne puisqu’il n’y a plus de bétail en élevage extensif pour le faire comme jadis. De nombreuses associations procèdent à ce travail et se joindre à elles est une activité qui allie l’utilité au plaisir de partager une journée avec des amoureux de la nature ! Citons, entre beaucoup d’autres, l’action des orchidophiles de Poitou-Charentes qui procèdent très régulièrement à de telles opérations d’entretien de friches ou de surveillance de stations sensibles (Orchis coriophora par exemple) ou, en Région Parisienne, celle du groupe animé par Thierry Pain. La surveillance et le suivi des stations à orchidées est une activité importante de ces associations. Il existe aussi des actions plus ciblées visant à protéger certaines espèces particulièrement menacées. C’est le cas du Liparis de Loesel (Liparis loeselii). Cette espèce, peu spectaculaire il est vrai, est devenue très rare dans notre pays. Habitant des zones marécageuses de plus en plus drainées, son recul par disparition, ou modification naturelle, de son habitat a amené associations d’amateurs et pouvoirs publics à unir leurs efforts afin de sauvegarder ce qui en reste grâce à un programme national coordonné.

Outre les gestes individuels de protection, en particulier le respect des plantes qu’il vaut mieux photographier que cueillir pour en garder le souvenir, il est facile de joindre des associations qui travaillent à cette protection de notre patrimoine botanique, vous en trouverez quelques-unes ci-dessous et vous pouvez toujours prendre contact avec les membres de la section “Orchidées et plantes d’intérieur” qui se feront un plaisir de vous renseigner et d’échanger avec vous sur ce thème.

Quelques adresses à connaître :
SFO Poitou-Charente (jean-claude.guerin@libertysurf.fr)
SFO Centre-Loire (jcroberdeau@feree.fr)
SFO Lorraine-Alsace (jean.marie.bergerot@numericable.fr)
SFO Auvergne (jean.koenig@wanadoo.fr)
SFO Rhône-Alpes (gil.scappaticci@wanadoo.fr)
En Bretagne (xavier.gremillet@laposte.net)
SFO Aquitaine (coriophora@gmail.com)
En région parisienne, Thierry Pain (t.pain@wanadoo.fr)
SNHF, Section “orchidées et plantes d’intérieur” (alain.jouy@wanadoo.fr)